Avec les dieux, Merytéti ne trouvait pas les choses assez concrètes, même si les Egyptiens font des efforts pour les rendre plus charnels, moins évanescents.
Il avait envisagé tous les angles possibles sans parvenir à se forger une idée convaincante.
D'un tempérament aqueux et lunaire, il avait du mal à nager en surface. Il suivait plutôt Khonsou l'Errant dans ses pérégrinations fantaisistes.
Loin d'être ignorant, Merytéti connaissait les données théologiques du problème mais ne savait toujours pas à quel dieu se vouer quand, comme aujourd'hui, il était torturé par une rage de dents.
Perdus dans l'éther, les netjerou n'ont aucune considération pour nos petits maux quotidiens ou nos enthousiasmes dérisoires.
Certains les aiment parce qu'ils sont au-dessus de tout cela, d'autres ne supportent pas leur attitude glaciale.
Merytéti aurait apprécié un netjer de proximité, une sorte de compagnon d'infortune pour pleurnicher avec lui.
Dans les mythes, à part Rê, les dieux ne pleurent pas, ils rient ou ne se départissent pas de ce sourire narquois, genre Thot.
Ils gouvernent soi-disant l'univers sans se soucier de notre bien-être, ils placent sur le même plan les hommes et les mouches.
Ils n'adhèrent pas au sol.
Merytéti plaça sur sa langue une amulette de Sopdou, ferma la bouche sans arriver à oublier sa douleur. Allez savoir pourquoi, il pensa à ses enfants qui ne lui occasionnaient que des tracas.
En principe, les dents sont sous la protection de la déesse scorpion Serket. Elles accumulent l'énergie vitale de l'être et symbolisent aussi l'agressivité. Les enfants naissent sans dents parce qu'ils sont sans défense. La perte des dents symbolise le retour à l'enfance et donc la passivité et l'impuissance.
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