Après bien des déboires, il en arriva à cette constatation : il vaut mieux compter sur les dieux que sur les hommes.
La méchanceté des humains s'applique au dérisoire, celle des dieux est géométrique.
Le dieu, moins préoccupé du vernaculaire, frappe quand c'est nécessaire. Bloquée, la situation devient explosive.
A Iounou, Imapépy était conservateur des archives royales. Il avait compris qu'en Egypte le mythe et l'histoire se confondent. La limite est ténue entre les dieux et les rois, le cours des évènements s'inverse sans prévenir, parfois le scribe n'a pas le temps de terminer sa phrase.
Tout va bien tant que les hommes ne se mêlent pas de classements. Imapépy n'avait pas renoncé à affronter les énigmes impossibles à résoudre.
Son esprit inventif privilégiait la confrontation avec l'inattendu.
Il aurait préféré être Shemsou mais il était devenu un gratte-papyrus par hasard, à la suite d'une pulsion, d'un brusque désir de connaissances. En outre il aimait l'odeur minérale des encres.
Comme il vivait seul, il préparait lui-même sa cuisine, y prenait du plaisir. Pendant ce temps, il ne pensait à rien d'autre qu'aux oignons, au lait, au vin, au miel.
Un gâteau réussi apporte plus de satisfaction que l'étude d'une aride compilation cosmogonique concoctée par Djéhouty.
Imapépy ne cherchait plus à savoir ce qui donnait du sens à la vie. Que les dieux soient bons ou méchants lui était parfaitement indifférent.
Il n'avait pas encore opté pour la douceur des fantômes dévorés de curiosité.
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