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Une divinité biodégradable

  • scakhepri
  • il y a 2 jours
  • 2 min de lecture

C'est le plus rustique et le plus étrange des dieux de Kemet. Je ne vous dirai pas son nom de peur que vous alliez l'importuner. Je le trouve bouleversant, surtout lorsqu'il s'éloigne de l'espace sacré qu'on lui a assigné. Il me fascine par l'immense complexité de sa structure qui déjoue les pièges de l'analyse et de la crédulité.


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Je ne sais pas très bien s'il aime les humanoïdes et goûte leur présence ou leur absence. Ce n'est pas un dieu vampire se nourrissant de subtils fluides. Il évolue à l'intérieur d'une spirale en extension, entre les fibres, en attente d'une nouvelle métamorphose. Il peut compter sur l'affection de ses congénères auxquels il ne fait pas d'ombre car ils le tiennent pour quantité négligeable.


Il perturbe l'ordre chronologique, peut-être parce qu'il tourne à l'envers dans un espace- temps de la nature de l'éternité. Il ne détruit jamais les données immédiates de la conscience. Grâce à lui j'arrive à relier mes savoirs, à rassembler mes outils cognitifs, à créer des hologrammes. Il est complexe parce qu'il n'est pas complet. Tout dépend des interconnexions mises à notre disposition.

Il dort pelotonné sur lui-même.


Il est la plus accomplie des divinité biodégradables dont rêvent les athées, les agnostiques, les apostats, les inventeurs de religions basées sur la crédulité.

J'aime ce dieu de manière très intime, il fait partie de moi, me donne l'audace de blasphémer, de multiplier les impiétés ou, comme le dit le Fils de Hapou, de vivre dans une incessante attente du miracle.

Sans le savoir j'étais le principal protagoniste de cet embrouillamini qui ne prendrait fin qu'avec ma mort.


Cependant je suis sûr que je retrouverai mon précieux compagnon dans une cour oubliée de la Douat, au milieu de nulle part, au détour d'un chemin ignoré des anachorètes, des pèlerins, des chercheurs d'absolu, des rédacteurs de mythologies, des monstres que doivent affronter les Héros.


Je voyais bien que tout ce que je disais le désorientait. Il souffrait de blocages émotionnels, ce qui le rendait d'autant plus attachant. Il refusait de répondre quand je l'interrogeais sur son passé ou sur sa familiarité avec les autres dieux. Etait-il pour moi un père, une mère, un frère spirituel ? Il agissait sur mon inconscient, tenait ma curiosité en éveil, nourrissait mes rêves récurrents.


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Il me dit un jour : N'aie pas peur, réfugie -toi dans l'immédiateté des histoires anciennes. Le voyage commence alors que tu pensais être arrivé. Je suis avec toi dans le désert, sur la pente des montagnes, au bord de la falaise et dans l'île où t'attend un serpent de cent coudées aux écailles de lapis lazuli.

En fait, il n'y a pas une mais plusieurs histoires. Dans la dernière, je t'accueillerai sur la rive du fleuve que tu devras traverser.



 
 
 

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