ART HIERATIQUE

Art hiératique des Egyptiens qui ne cherche pas à produire des images objectives du monde mais nous offre les visions de ceux qui savent voyager ailleurs sans hésiter à brouiller les perspectives. Le Phénix s'enflamme. La plupart du temps, on ne voit pas la source de la lumière. Même celle de l'au-delà a quelque chose de provisoire.

Isis et sa sœur battent des ailes, dans quelques secondes le dieu va se redresser et observer un monde qu'l n'avait pas pu oublier.

Dans la tombe peinte, ni joie ni tristesse mais la volonté de s'aventurer dans l'entre-deux d'une réalité suspendue avec des arbres et des dieux qui disparaissent dans la douceur de l'aurore.

Un léger déplacement de sens s'opère au gré de références allégoriques de plus en plus difficiles à décrypter. Les images deviennent arcanes destinées à n'être pas vues par des vivants ordinaires mais plutôt par des êtres en transit. Tout s'inscrit dans la volonté de saisir une réalité inscrite dans un contexte abstrait et d'une splendeur parfois insoutenable.

Je ne dirai pas aux profanes ce que j'ai vu en faisant glisser le lourd couvercle d'un sarcophage ciselé destiné à retenir un instant le mystère initié par un dieu loup marchant dans l'ombre au pied d'une falaise.

Ptah le Modeleur ne donne pas l'inspiration mais procure ces visions permettant d'ouvrir les portes scellées de l'Ailleurs vers lesquelles progressent les foreurs de vases, les sculpteurs et les orfèvres. Memphis est la capitale de l'art hiératique depuis les premiers instants de la civilisation pharaonique.

Les images fourmillent d'indices qui n'attendent qu'à être décodés, compris, replacés dans un juste contexte.

Les ruines et les statues brisées de Kemet ne sont pas des symboles mais les fragments d'un empire dont nous espérons le retour.