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UN AUTEL POUNTITE

Pour exister, j'ai besoin de dévotion.

Je suis enseveli sous les ruines.

Je ne suis pas mort mais en attente du retour.

Mes affidés sont des archéologues qui n'ont rien oublié de l'ère des fastes et des rites.

Je sais repérer ceux qui provoqueront le retour des temps que les profanes espéraient révolus.


Des siècles d'attente ne m'ont pas épuisé.

Mon KA est demeuré bien vivace dans le granit, le basalte, le quartzite, l'albâtre. Le vent caresse les colonnes redressées. Sur les reliefs, le roi continue à pratiquer les rituels. Il maîtrise chaque geste, tous les déplacements, il connait les formules qui ouvrent les portes, les incantations qui charment l'invisible. Même s'il fait totalement noir, il ne mourra pas.


Les Pountites prirent pied à l'extrême sud du continent et commencèrent une longue remontée vers le Nord. Je les guidais. Comme eux, j'avais choisi le royaume de Kemet pour un nouveau départ. Les Loups furent envoyés en éclaireurs. Le faucon horien accepta notre allégeance.

Je pris possession du téménos d'Ipet Sout où n'existaient plus que quelques pierres levées, plantées dans le limon en souvenir des anciens soleils qui n'en finissaient plus de s'éteindre. Je ne pouvais m'installer nulle part ailleurs. Je ne tardai pas à découvrir que les femmes et les hommes de Waset étaient de remarquables desservants des temples. Ils attendaient que les dieux ne restent pas inertes, qu'ils ne soient pas des guetteurs mais des danseurs, pas des maîtres mais des compagnons de voyage, navigateurs avant d'être jardiniers.


Dans un endroit tenu à l'abri des regards, il y a dans Karnak un autel rapporté par les princes Pountites Il apparaît et disparait dans les fumées d'encens. Taillé dans une pierre volcanique, il assure liaisons et connivences entre les différentes parties du téménos.

Les prêtres ne le touchent pas, tournent autour de lui en psalmodiant des hymnes à la gloire du Feu terrestre attirant le Feu céleste.

Vêtus d'une peau de panthère, les prêtres royaux de l'Archipel déclarent : Ici nous ne sommes pas en exil, nous sommes revenus à la maison.

Cette phrase intrigua les mythographes qui se demandèrent alors si Pount était la terre-mère de Kemet ou le contraire. Rien de ce qui existe n'avance en linéarité mais se déploie en spirale. S'il y avait un centre, ce pourrait être l'autel pountite de Karnak sur lequel les Shemsou Hor veillent en permanence.

L'autel est une balise pour les oiseaux migrateurs qui volent du Sud vers le Nord pour rejoindre le Premier Soleil.

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