TEM/ATOUM est une des formes divines les plus complexes du panthéon pharaonique.
Il est l'Ancêtre de tous les netjerou et de tous les rois de Kemet.
Le verbe TM signifie à la fois ne pas être et être complet. Tout et Rien.
Les traducteurs se cassent les dents sur ce mot et proposent différentes versions :
Celui qui n'est pas encore complet.
Celui qui n'est pas encore présent.
Celui qui n'existe pas encore.
Celui qui est différencié.
Le Seigneur de la totalité.
L'idéogramme de son nom est un traîneau, tel celui qui servait au transport des pierres sur les chantiers de construction.
Notre mot démiurge est tiré du grec demouirgos, artisan, ouvrier.
A vrai dire, un démiurge n'est pas un créateur mais celui qui met en ordre l'univers comme l'ouvrier qui assemble les pierres d'un temple.
Les Egyptiens écrivent qu'il est au début de tout, complet dans le sens d'une unité indifférenciée et tout à la fois non existant, car l'existence est impossible avant la création. Il préexistait quand il n'y avait que le Chaos en tant qu'imparfait devenu parfait.
En fait, avant que la création ait eu lieu, Tem s'auto-engendre en se distinguant du Noun tout en lui restant relié.
Dans des corpus comme les Textes des Sarcophages ou le Livre des morts, TEM expose la prise de conscience de son existence au sein du Noun, sa mise en mouvement et son désir de se reposer sur une butte où il se hisse et organise l'univers. C'est le fameux BENBEN, la pierre dressée au centre du téménos héliopolitain.
Les modes de création sont divers : Tem se masturbe et libère sa semence, la création peut aussi être issue de ses crachats ou de ses larmes ou encore des noms qu'il donne aux différents éléments de la création. Cette parole apodictique est personnifiée sous le nom de HOU.
Une création par le Verbe dont se souviendront bien plus tard d'autres religions.
Dans le cas de la pratique onaniste, il est assisté par une divinité nommée IOUSSÂAS qui caresse le pénis du dieu pour le faire entrer en érection. On dit qu'elle est la main de Tem. Une main dont le nom est Djeretef.
Ioussâas deviendra une des formes d'Hathor, la composante érotique de l'univers, la Dame de la semence qui sort de TEM.
Les Kémitiens nomment l'acte de création la Première Fois. Une Première Fois qui se répétera des millions de fois, comme les levers du soleil à l'aurore.
S'il est à la source de toute existence, il en contient également la fin. Dans un texte prophétique, il déclare que la terre redeviendra de l'eau comme au commencement et que toutes les créatures disparaîtront sauf lui qui prendra alors la forme d'un serpent.
Dans le Livre des Morts, TEM déclare : Mais moi, je détruirai tout ce que j'ai créé. Ce pays reviendra à l'état de Noun, à l'état de flot comme son premier état. Je suis ce qui restera comme Ousir, quand je me serai transformé à nouveau en serpent, que les hommes ne peuvent pas connaître, que les dieux ne peuvent pas voir.
Un texte déclare que c'est la révolte des hommes qui engendra le désordre et le mal qui détruit la création.
Pour autant, les orages, les crues destructrices ou trop faibles, les désastres terrestres ou cosmiques, la mort, font partie de l'univers créé.
Tout reste vivant et en ordre tant que TEM le désire en tant que Seigneur de Maât.
TEM appartient à la famille solaire des dieux héliopolitains. Il est le père de Chou et de Tefnout, la première génération de l'Ennéade dont nous reparlerons par ailleurs.
Il est considéré comme le premier des démiurges. Il faut savoir qu'à Kemet existent d'autres cosmogonies comme celles d'Hermopolis, de Karnak, d'Eléphantine on encore de Neith à Saïs, qui est la plus originale.
A Iounou, dans un syncrétisme dont les Egyptiens ont le secret, il finit par se confondre avec le Soleil divin sous le nom de TEM-RÂ.
TEM peut s'incarner dans des animaux hypostases comme la mangouste-ichneumon, l'anguille et surtout le serpent : Le serpent vénérable, mystérieux, bienfaisant, gardien des cryptes et pourvoyeur de nourritures.
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