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Rites de passage

Il savait comment parler aux morts pour les ramener un moment à la vie, le temps de nous indiquer où ils se trouvent dans le temps et l'espace, de nous dire à quoi ressemblent les deux Gardiens de la première porte. Pour cela, il faut cerner les différentes facettes d'une personnalité, ne pas s'engager sur un chemin de traverse ou une voie sans issue. L'affaire est bien partie quand , sous la lumière cendrée de la Lune, la sente est douce sous les pieds, pas de silex coupants qui pourraient infliger de douloureuses blessures. De tels accès existent en Egypte et permettent de passer des zones de manifestation aux zones d'occultation.

Forcer le passage est risqué si surviennent des phénomènes imprévisibles comme le sifflement d'une flèche, une brique se détachant d'un mur d'enceinte, une mèche qui se met à charbonner, une bourrasque soulevant un tourbillon de poussière au-dessus d'une nécropole. Tout se remarque dans un contexte silencieux et immobile. Le passage devient favorable quand se déploient les ambivalences, quand le positif et le négatif se mêlent, que le créateur devient un destructeur de mirages, que la sacralité de l'acte ne fait plus le moindre doute. Les obstacles s'effondrent si la progression se fait au rythme de la planète dont les pulsations subsistent dans les langues mortes. Langues des rites et des Fastes parlées par les arbres, les oiseaux, les petites créatures vivant incognito dans le royaume et qui empêchent les canaux de s'obstruer.


Du soir au matin, le voyage est propice à la méditation, à la prise de conscience, à l'abandon aux anges tutélaires qui repoussent ceux qui coupent les arbres, tuent les animaux et n'ont aucune affinité avec les félins. Le myste sur la route est un galet poli par l'eau dans le lit d'une rivière.



Cortège un matin d'automne sur la rive occidentale de Waset. Deux loups noirs tracent la route, les résines se consument dans les encensoirs. Ni prières ni chants ni louanges, les bouches restent closes, un guépard tenu en laisse par un enfant est en train de devenir un dieu. Quand il pose les yeux sur un mort, il se réveille, respire, se reprend à espérer. Qu'adviendra-t-il de nous lorsque la procession touchera à son terme ?

Bénéficierons-nos d'un nouveau départ ?

Serons-nous engloutis par le manque de désir ?

Aurons-nous encore la force de mettre le chemin sous nos sandales ?

Si vous n'avez pas trouvé ce texte étrange, posez-vous les questions qui s'imposent.

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