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REVENIR

  • scakhepri
  • 13 août
  • 2 min de lecture

Réussir un saut entre deux univers, entre Louxor et Amarna.

J'étais encore bien jeune quand je suis venu pour la première fois en Amarna dans un de ces vieux trains décatis et bondés qui traversaient alors la Moyenne Egypte. Je ne savais pas que j'étais à un tournant de ma vie. Le maire de la bourgade d'Amarna qui nous avait repéré dans le train nous invita dans sa maison. Quel privilège de résider, manger, dormir à Akhet-Aton, envahie par les poulets, les chiens errants, les moutons et les scarabées !


A cette époque, à part quelques murs en pierre ou en briques qui émergeaient du sable, il ne restait pas grand chose à voir sur ce site étrangement silencieux. Il était pourtant inappréciable d'être là, de marcher sur un des sols les plus sacralisés de la planète. Ici bat le cœur de Kemet, se concentrent les courants les plus rares circulant dans l'infra-monde que le roi figura par les rayons s'échappant du Disque atonien.


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Nous n'avions jamais quitté cette cité où patrouillent des créatures si peu terrestres, des spectres venus des confins de la galaxie. On peut ici se lancer dans de magistrales improvisations avec ce qui s'est momentanément rendu visible avant d'opter pour une longue occultation.


Une vigne était plantée dans l'enceinte de la résidence royale nommée le palais liturgique. On n'a toujours pas retrouvé la crypte où était retenue la radiance du premier lever de l'Aton sur l'horizon oriental.


Le roi disait : Tu reviendras, nous reviendrons et il faisait brûler des résines datant de la première période de Pount. Ce qui est visible n'est pas toujours lisible.

La première nuit passée dans la maison du Moudir, je me suis endormi en pensant que j'étais arrivé au centre de la cible mais qu'il restait encore beaucoup de chemin à parcourir pour revenir au point de départ avant que l'entropie ne s'empare de la fragile réalité.

Je suis seul dans l'obscurité.


Plusieurs décennies sont passées et je suis toujours prêt à prendre le train pour Amarna. En décortiquant des graines de tournesol, je contemple le paysage qui défile.

Les soleils ne vont pas s'éteindre à l'Orient, quatre Shemsou veillent au grain.

 
 
 

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