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QUO VADIS DOMINE

Je marchais quelques centimètres au-dessus du sol, une coudée pour être plus précis. Je n'étais pas encore assez évolué pour avancer pieds nus sur la terre sacrée, pour fouler le sol prestigieux de mes Ancêtres spirituels.



Aujourd'hui, on arrive trop vite dans le Double Royaume. On sort de son salon et déjà on est sur le tarmac de l'aéroport de Louxor. Choc émotionnel, choc des cultures, choc en retour. Tout est différent mais de manière subtile. Il faut un certain temps pour comprendre qu'on a changé de planète, qu'un dieu du temps a retourné le sablier, remis de l'eau dans la clepsydre.


J'avais envie d'être là au moment de l'implosion finale, avec en fond sonore les trompettes d'Aïda ou la bande son d'un antique péplum avec Peter Ustinov.

Où vas-tu maître ? me demanda la première personne rencontrée à la sortie de l'aérogare. Je me gardai bien de lui répondre, je tenais à être tranquille, à explorer le visible et l'invisible avec toute l'intensité requise.


Le vieux Djéhouty a raison, tout est question de ressouvenir. Si j''étais déjà venu ici c'était le moment de le vérifier, d'en tenir compte pour la suite, de m'assurer que le cœur de Kemet battait encore dans les ruines.


Au musée de Louxor, la statue d'Amenhotep Fils de Hapou respirait quand personne ne la regardait; J'attendis que le musée soit vide pour oser m'adresser à lui en tremblant d'émotion et de bonheur.

Quo vadis domine ? me demanda t-il en levant les yeux vers moi.

Là où je te serai utile répondis-je en baissant les yeux, prêt à flairer le sol devant sa Sainteté.

Il poursuivit : il ne pleut plus ailleurs que dans la cité de Waset. Tu es arrivé à temps pour la fête de la Navigation d'IMN. Tu vas rentrer à l'hôtel, ranger ta chambre, te coucher, t'endormir et rêver que l'histoire est loin d'être finie.


Le lendemain, , sur le toit terrasse de l'hôtel, je savourais une Stella bien frappée. J'étais pieds nus , vêtu d'un pagne de lin froissé, les yeux maquillés, la perruque dégoulinante d'un onguent parfumé.

Sur le fleuve passait la nef dorée d'IMN acclamée par une foule en liesse, fière d'avoir le plus immatériel des dieux de Haute Egypte.


Le nom secret de cette navigation rituelle était : Navigation du 3e type. Le Fils de Hapou préférait Psycho-navigation. Comme il croisait tous les jours la route du dieu, il profitait de la fête pour quitter le temple de Karnak, prendre quelques jours de congé dans sa cité natale d'Athribis où résidaient des divinités encore plus hallucinantes.

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