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PYAPYA ET PASANESU

Pasanesu était un paysan aisé qui, chaque matin, regardait pousser le blé qu'il avait semé. Enfant, il avait été le serviteur d'un scribe du cadastre qui lui avait appris à lire et à écrire et par conséquent à pouvoir entrer dans le monde magico-religieux de Kemet.

Il avait pour Ousir et Renenoutet une grande affection.

Renenoutet le grain, le blé en herbe, Ousir les épis sur le point d'être fauchés.



Situation très particulière du paysan égyptien qui cultive une terre limoneuse offerte par le Fleuve généreux mais fantasque. Trop d'eau, tout est dévasté, pas assez, les plantes s'épuisent et meurent. 16 coudées reste la hauteur idéale de la crue. Les crocodiles repèrent tout ce qui bouge dans les eaux, les hippopotames saccagent les champs prêts pour la récolte.

Tout serait parfait si la Nature obéissait au rythme régulier des saisons mais, derrière Ousir, il y a Seth. Deux frères, deux complices mais aussi deux rivaux, à la fois amis et ennemis, indissociables. Ni le Bien ni le Mal, ni un antagonisme clairement défini mais un rapport de forces, un équilibre précaire, rien d'autre en somme qu'une réalité ordinaire entre le sable et le limon.


La nuit, quand il n'était pas trop fatigué, Pasanesu rédigeait ce qui serait un jour son Livre de la Sortie à la lumière, un viatique précieux pour apprivoiser les dieux chthoniens et entrer dans l'Invisible.

Je n'ai pas refusé de prêter ma barque à celui qui voulait traverser le Fleuve.

Je n'ai pas empêché l'eau de circuler dans les canaux d'irrigation.

Je n'ai pas opposé une digue à l'eau courante.

J'ai moissonné les orges de Kamoutef.

Je n'ai pas ôté le lait de la bouche des enfants.

Je n'ai pas affligé, je n'ai pas fait pleurer.

je n'ai pas appauvri un pauvre dans ses biens.

Je n'ai pas triché sur les terrains.

Je n'ai pas privé le petit bétail de ses herbages.

Je connais le nom des Gardiens et des Portes de la Douat.

Je sais que Thot est l'interprète des Deux Terres.

Je suis Hotep, maître de la campagne de la félicité.


Pyapya, l'épouse de Pasanesu cuisait chaque matin le pain de la famille. Elle accomplissait ce travail avec beaucoup de soins et en réservait une partie pour les tables d'offrandes. Les dieux et leurs prêtres aiment les pains croustillants. Elle expliquait à ses enfants que les offrandes sont une marque d'affection envers les dieux.

Un jour, en sortant les moules du four, elle se brûla sérieusement les mains.

Qui allait désormais pétrir la pâte et caresser le dernier né ?

Le médecin du quartier pansa ses mains avec du miel, du beurre, de l'huile et force exorcismes mais il ne parvint pas à éteindre le feu.

Une nuit, elle rêva de Ptah, maître des forges incandescentes de Memphis. A son réveil, plus aucune trace de brûlures.

Elle offrit au dieu ses plus beaux bracelets et plaça sa statuette sur l'autel familial entre Aset et Sekhmet.


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