Nos savants contemporains qualifient de symboles le Ankh, le Djed, le Tit ou encore l'Œil Oudjat.
Ils les approchent de manière confuse, à travers le filtre de la pensée occidentale.
Le sujet est délicat, les amalgames faciles. Avançons à pas de loup en compagnie d'Inpou.
Dans la langue égyptienne, il n'existe pas de mot "symbole".
Les Kémitiens se sont bien gardés de nous fournir des explications sur le sujet et sur ses origines.
On doit glaner des informations dans les textes religieux, mythiques, rituéliques, funéraires, médicaux et alchimiques. Dans le contexte rituel, les gestes, les déplacements tiennent lieu de symboles et sont au service de la quête initiatique qui passe aussi par le corps.
D'autres indices sont fournis par l'architecture des temples et par d'autres formes de l'art comme les statues, les stèles, les gravures dans les carrières, les ostracas, les bijoux, les colonnes, les obélisques, les matériaux utilisés dans les espaces sacrés.
Dans Her Bak, la futée Isha Schwaller de Lubicz écrit : Je ne sais pas ce que c'est un symbole. L'artisan dit : à cela, je peux te répondre, c'est une forme vivante d'une loi.
Ce que nous nommons symbole est une réalité conçue sur des plans différents. Je contemple un hiéroglyphe et je sais que je peux le lire de différentes manières en fonction du contexte, de mes connaissances des formes égyptiennes, des rapports existants entre les formes et les idées, de mon degré de conscience, de mes capacités spirituelles ou de l'état dans lequel je me trouve à un moment donné.
On peut aussi dire qu'il traduit une compréhension simultanée de tous les niveaux d'interprétation, du plus simple au plus abstrait. Il se maintient dans des limites impossibles à fixer une fois pour toutes. Dans tous les cas, il n'est pas une simple convention mais ce qui titille notre curiosité, notre volonté de sortir des chemins balisés, d'entrer dans des voies insoupçonnées.
Il nécessite des efforts et de la persévérance.
Il est le langage des Voyants que n'effraient pas l'inconnu, les énigmes et les jeux de mots.
Rien ne fonctionne en circuit fermé. Les pistes sont innombrables, les intentions multiples au sein d'un foisonnement de données physiques, psychologiques, spirituelles.
Alors tout devient "symbole", les humains, les dieux, les arbres, les animaux, les minéraux, les sons, les odeurs, les couleurs, les astres, les phénomènes de la Nature.
Ne vaudrait-il pas mieux utiliser les vocables SIGNE de reconnaissance, Message secret, Caractère sacré qui induisent autant de questions que de réponses.
Plutôt que de symbole ne pourrait-on pas parler de contemplation mystique, de contemplation de l'aspect invisible de la réalité, de cristallisation d'une vérité elle-même évolutive et provoquant un élargissement de la conscience.
Khépri est un insecte, une image, un verbe, un netjer, un concept tournant autour de l'idée de métamorphoses. Il est noir, bleu ou vert et la teinture choisie oriente son interprétation.
Il est associé à l'intelligence du cœur, à la faculté d'adaptation, à l'acceptation que rien n'est stable, que tout est en transformation, que cela nous convienne ou non.
Il y a beaucoup de choses derrière le monde des apparences, des illusions, des antagonismes, des certitudes anesthésiantes qui nuisent à la transmission ésotérique.
Magnifique proposition d'utiliser le terme SIGNE !
Le symbole et le rite ont une épaisseur de sens. Ils induisent un champ d’interprétation, où se dissimule un langage polysémique au sens sacré du terme, une hiérophanie selon Mircea Eliade. Nous sommes dans une assimilation existentielle pour reprendre les termes de Shusheng Zhang, c’est-à-dire par analogie, j’assimile ma démarche inspirée par le symbole, tout en réalisant ainsi une appropriation d’existence.
Le langage symbolique est relié à notre environnement au travers d’une logique de correspondances. Nous entrons ainsi dans le mythe, dans l’aspect de la transmission de la pensée humaine au travers de ses civilisations, une mise en scène pour une imitation intérieure. Nous évoluons ainsi entre erreur et vérité. Une réalité subjective…