COULEURS DES DIEUX
De précieux indices sont donnés par les couleurs associées aux dieux de Kemet. Elles leur donnent ce que l'Alchimie nomme une Teinture.
Le BLEU est la couleur des dieux célestes comme IMN, le rouge celle des entités séthiennes, le BLANC correspond au pouvoir de régénération, le NOIR est la marque de netjerou puissants comme ASET ou MIN.
LA TEINTURE CHYMIQUE
J'appelle Teintures les puissances astrales et ponctuelles. Car la Teinture est comme un point essentiel, duquel, comme du centre sortent les rayons qui se multiplient dans leur opération. Michel Sandivogius, Lettre philosophique, 1671.
Les adeptes du Trismégiste précisent que la Teinture est une matière noble qui perfectionne les mixtes et les fait fermenter comme un levain. Paracelse déclare que les Teintures traduisent le pouvoir de transformation de la matière.
Dans les traités alchimiques, le mot est souvent orthographié VERD.
OSIRIS VERT
Observons le magnifique Papyrus funéraire de Khâ et Meryt : les deux époux, en grand habit de cour, font devant le dieu le geste rituel Doua afin d'établir avec lui un lien magnétique.
Le dieu siège sous un dais soutenu par des piliers en forme de lotus. D'autres lotus en boutons ou épanouis sont accrochés à la colonnette de gauche. Entre Osiris et ses fidèles est posée une table d'offrandes surmontée d'un lotus.
Le dieu, assis sur le trône des Deux Terres, est emmailloté de lin blanc comme une momie bien préparée. Son visage et ses mains sont verts.
Cette couleur rappelle qu'il est primitivement un dieu de la végétation. Il a appris aux hommes l'art de l'agriculture et la connaissance des cycles et des rythmes de la Nature.
C'est le netjer ou principe de l'ordre naturel, du pouvoir végétatif, de la montée de la sève, du devenir des semences, le tout en association avec Aset à laquelle l'Hermétisme attribue le soin des plantes et des arbres.
Les deux époux sont les enfants de GEB, le terre et de NOUT, la ciel, mère des étoiles dont les influences régissent les rythmes de la terre et de la végétation.
Toutes les plantes et les arbres sont associés à Ousir.
La vigne et le lierre qu'il partage avec Dionysos sont ses végétaux les plus emblématiques.
La croissance des plantes s'effectue selon son désir. Stèle d'Abydos.
Quand le grain pousse, c'est Ousir qui se manifeste. Textes des Pyramides.
Ousir dit : Je vis comme le netjer grain Népri. Je suis le blé. Livre des morts.
Le vert dans la pensée égyptienne
Dans la pensée égyptienne, le vert est lié à l'eau et à tout ce qui est susceptible de mûrir et de croître quand l'eau et la terre sont mis à contribution.
Le vert est la couleur de la création dont la première manifestation fut l'apparition d'un fourré de papyrus sur les rives de l'Océan Primordial.
C'est parce que le vert indique un retour à la vie qu'il est aussi la couleur de l'initiation offerte à celui qui désire renaître sur un autre plan.
Dans le contexte mystagogique, le vert sert d'intermédiaire entre les plans physique et spirituel.
Dans les contes, le vert est la couleur des fées. On pense aussi au vert émeraude de la célèbre Table de Thot-Hermès.
LE VERT DE L'OSIRIS CHYMIQUE
Vert ou VIRIDITAS est la couleur de ce qui végète et est en train de s'animer mais désigne aussi quelque chose qui n'est pas mûr donc jeune, comme l'Osiris couché sue le lit de momification avant que les ailes d'Isis ne lui redonnent le souffle vital. IL est alors en état de gestation, en train de mûrir avant de se relever : OSIRIS RESOUDJA.
RESOUDJA : Qui revient à la vie après le passage par la mort, qui s'éveille en étant sain et vigoureux comme les épis dans un champ de blé.
Notre mot Vert vient du latin Viridis dont la racine VIR se retrouve dans des mots comme virtualité, virulence, virilité.
Dans le processus alchimique, le VERD qui suit la couleur noire et précède la blanche marque le renversement nécessaire entre le passage des cycles. Son apparition est le signe que la putréfaction est arrivée à son terme et qu'il faut l'arrêter en y introduisant le Spiritus Mundi qui est un Mercure philosophique dont l'icône est un LION VERD. Pour les Egyptiens, c'est un serpent que l'on rencontre partout dans les hypogées de la Vallée des rois.
Il y a quelque chose de parfait dans le bronze, c'est ce vert et seulement lui, parce que ce vert est changé par notre magistère en notre Or le plus fin.
La rosaire des Philosophes.
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