Il existe de nombreux rapports entre Osiris l'Egyptien et le Grec Dionysos. Ils sont tous deux liés à la Nature et à la végétation. Osiris est plutôt la Nature domestiquée, celle des agriculteurs, Dionysos est le chantre d'une Nature plus sauvage et exubérante. Les deux partagent, entre autre, une plante emblématique : le LIERRE qui, comme la vigne qui lui est apparentée, connaît une croissance rapide.
En Egypte et en Grèce on plantait du lierre sur les tombes et les plafonds de certaines tombes thébaines sont ornés d'une vigne abondante.
Dans les Mystères abydéniens, les mystes portent une couronne de feuilles de lierre. On les nomme alors les Porteurs de lierre dont la feuille est un signe de reconnaissance.
C'est bien le VERT que l'on retrouve avec le lierre osirien, plante vivace, toujours verte, qui aime l'ombre et l'humidité.
Quand elles sont mâchées, les feuilles de cette plante ont un pouvoir enthéogène provoquant la transe, les visions mystiques ou encore la Mania des Bacchantes de Dionysos qui, lors des fêtes nocturnes du dieu, les nyktelia, se jettent sur le lierre et le déchirent avec leurs dents, ce qui provoque une ivresse sans vin, un trouble de l'esprit menant à l'enthousiasme.
Enthousiasme signifie être habité par un dieu.
Les Egyptiens, en effet, affirment que le dieu nommé chez eux Osiris est celui qui est appelé chez les Grecs Dionysos. Diodore.
A Eleusis, Dionysos porte le nom de Zagreus. Les Romains le nomment Bacchus.
Dionysos est le plus déroutant des dieux grecs. Singulier, étrange, insolite, il ne va pas chercher la divinité dans un au-delà lointain et inaccessible mais dans la profondeur de l'homme. Comme Osiris, il évolue au-delà des frontières de la vie et de la mort. Les deux recrutent leurs fidèles dans toutes les classes de la société, aussi bien les femmes que les hommes.
Ils sont les inventeurs de l'agriculture et de la civilisation.
Leurs Mystères accordent une place importante aux femmes.
Pas d'Osiris sans Isis, pas de Dionysos sans Déméter et Ariane.
Quant à Isis, elle est assimilée à Déméter, l'instigatrice des Mystères éleusiniens fort proches de ceux d'Abydos et de Busiris.
Osiris, après avoir été démembré et émasculé, retrouve une virilité triomphante grâce aux bons soins de son épouse Aset. L'érection qui pointe sous son suaire est le signe de la vigueur nouvelle qui l'anime et lui permet de concevoir un fils.
Dionysos porte des épithètes comme l'Erigé ou le Couillard qui ne laissent aucun doute sur sa virilité.
Les deux divinités ont un côté nocturne et mystérieux. On retrouve le culte du phallus dans le Linga des Indiens.
Osiris et Dionysos partagent bien d'autres choses :
Le Pin, arbre commun aux deux.
Le serpent, le taureau et le bouc.
L'âne, animal de Seth,est aussi une des montures de Dionysos.
Tous les deux accomplirent un pèlerinage en Inde et sont assimilés à Shiva.
Les deux ont subi un démembrement, une mort et une résurrection.
Revenons au lierre. Dionysos est Kissos, le dieu lierre, le Porteur de lierre, une plante qui fourmille sur lui et autour de lui. Selon le mythe cette plante, de nature froide, serait apparue pour le protéger, à sa naissance , des flammes qui dévoraient sa mère.
Le lierre orne le thyrse ou bâton du dieu. Son front est ceint d'une couronne de lierre, ses fidèles portent un tatouage en forme de feuilles de lierre. Les choreutes qui entonnent le dithyrambe, chant de louange, portent aussi une couronne de fleurs et de lierre.
Nonnos raconte que les serpents que des Ménades avaient jeté contre une source l'avaient entouré et s'étaient changés en sarments de lierre dont les vrilles élancées courent sur le sol et escaladent les hauteurs avec légèreté.
Dans la pharmacopée, on prétendait que le lierre pouvait rendre stérile ou avoir un effet lénifiant.
On trouve dans l'histoire d'Alexandre un épisode curieux : arrivé en Inde, le conquérant s'était couronné de lierre et était entré dans une allégresse sauvage, saisi par l'esprit du dieu.
Il est vrai qu'Alexandre se prenait pour Dionysos !
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