Sur les tables d'offrandes brûle un Feu sans mélange donnant aux différentes chambres du ciel une couleur ambrée. L'Esprit tutélaire de Khemenou souligne les apparences trompeuses du monde mais ne prétend pas qu'il est bon ou mauvais. Toutes les contradictions finissent par se résoudre dans le Lac de Feu où l'Ibis et l'Oiseau Benou se confondent.
Les Hermopolitains étaient des Egyptiens étranges. Ils suivaient la Voie de Khépri-Rê-Tem, initiant un enchaînement de cycles et de manifestations mystériosophiques. Nous pouvons être là, nous devons être ailleurs. L'Histoire aura du mal à ne pas tenir compte de notre présence, aux ajustements que nous suggérons, à la seconde où la flèche va atteindre le centre de la cible. Si Khemenou était un centre, il serait en léger décalage.
Il ne demande pas qui gouverne ou qui veut prendre le pouvoir.
Sous les portiques de la cité règne le silence. Thot aime le silence des planètes où la vie organique n'est pas encore en vigueur, le silence des tombes où des vivants prétendent qu'ils sont morts et dissimulent leur visage sous un masque d'or mussif.
Les Hermopolitains n'avancent pas à visage découvert. Ils marchent sans faire de bruit. Ils se déplacent en quinconce. Ils sont précédés et suivis par des entités qui n'existent pas ailleurs. Mais le monde, lui, n'existerait pas s'il n'était nulle part ou dans la mouvance d'un Être immense qui se fait oublier, ne cherche pas à exercer une influence, n'arrête pas la course des étoiles quand elles sont de simples objets matériels.
Ils aiment la Matière pure qui, sans qualité et sans forme, reste invisible.
Rien de pratique n'est enseigné à Khemenou, rien concernant les espaces étroits d'une existence humaine. C'était mieux après, affirment les hiérophantes de Djéhouty pourtant avares de propos signifiants sur la triple machinerie du cosmos.
Il resta plusieurs années devant la porte du temple.
Il était nourri avec les mendiants qui attendent sur le seuil une main sur la bouche.
Finalement, sa patience et son humilité furent récompensées. Un soir, au coucher du Soleil, les lourds battants de la porte s'entrouvrirent Il n'avait plus besoin d'aller plus loin. Il pensa : Je suis revenu à la maison, ce qui va suivre n'a plus d'importance. Il me reste seulement à séduire le netjer de ce téménos par la puissance de mon désir.
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