MANIFESTATION ET OCCULTATION
- scakhepri
- 20 oct.
- 2 min de lecture
Le temple m'adressait des signes d'adieu que je feignais d'ignorer. Je n'aimais pas cette atmosphère de fin de règne. Tant de netjerou, de rois, d'or mussif, tant de subtilités pour tomber sous la coupe d'un dieu bédouin !
J'avais imaginé une autre fin, une destinée plus flamboyante, une lumière rasante, des journées de déambulation, plus de souvenirs, des moments suspendus avant que les scribes, les paysans, les tailleurs de pierre, les potiers ne se mettent au travail.
Pourtant, je garde confiance en la force intérieure du Double Royaume qui ne disparaîtra pas mais se glissera en silence dans un temps en suspension. Les choses continuent à changer mais les scarabées marchent désormais sous le sable, dans une chaleur minérale conservant la douceur des soleils disparus, pas encore touchés par la lassitude.
Quatre millénaires de manifestation, deux millénaires d'occultation, le cycle n'est pas prêt de se boucler, quelque chose se prépare, des évènements inscrits dans l'absence de la logique de l'Histoire, dans l'épaisseur des mythes. ll serait opportun de se promener la nuit sur les sites antiques, d'y pratiquer les rites d'autrefois n'ayant rien perdu de leur vivacité.
Le prince boite. Ce n'est pas une infirmité de naissance mais la conséquence d'une épreuve initiatique qu'il a subi pour être légitime. La pratique des rites permet de rajeunir, de remonter le temps sous le regard des Sphinx, gardiens des clivages précédant les ruptures sur les lignes de faille.

La nuit, à l'hôtel, j'attends un signe de Senouseret donnant l'ordre de se remettre en marche afin de poursuivre l'aventure.
Il règne sur le désert une douceur prégnante. Le temps est venu de l'ouverture des sarcophages.
Je n'ose pas imaginer la suite.





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