Le lotus exprime la supériorité de l'intelligence divine par rapport à la matière et cela sans doute parce que la fleur du lotus, portée par une longue tige, s'élève au-dessus des eaux et du limon qui couvre le lit du fleuve à la surface duquel cette belle fleur s'épanouit.
J.F. Champollion, Panthéon.
Le lotus est souvent qualifié de Nefer, beau, parfait, ce qui donnera le mot Nénuphar.
Lotus et Papyrus sont les deux plantes emblématiques de l'Egypte abondamment présentes dans les textes et l'iconographie.
La fleur de lotus est consacrée à un dieu enfant, Nefertoum, Tem le rajeuni et les feuilles sont associées à sa Mère divine, la lionne Sekhmet. Elle est aussi une métaphore du sexe d'Hathor et un gage d'éternité car le Soleil y renaît chaque matin, une promesse du renouvellement de la vie.
Toutes choses ayant pris naissance par lui, Nefertoum brille dans le lotus dont les rayons font vivre tous les êtres. Livre des Morts.
A Hermopolis, le lotus émerge des flots du Noun présents dans le Lac sacré ou Île de feu et laisse s'échapper l'astre solaire lorsqu'il s'épanouit. Il porte l'Oeuf du monde dans sa corolle, le respirer c'est revenir à l'origine.
La fleur initiale fait passer le démiurge du chaos à l'univers aérien.
On porte aussi un lotus aux narines pour humer un parfum d'éternité mais peut-être aussi pour jouir de ses propriétés narcoleptiques et aphrodisiaques. Pour la médecine égyptienne, c'est une sorte de viagra.
Carpe diem ou faire un jour heureux entre le lotus et la mandragore, associée à l'érotisme d'Hathor et à l'érotisme retrouvé des défunts.
Le chapitre 81 du Livre des morts ou de la Sortie à la lumière s'intitule Formule pour prendre l'aspect d'un lotus. Le défunt déclare : Je suis ce pur lotus qui sort portant le Lumineux, celui qui est attaché aux narines de Rê. Je suis descendu le chercher pour Hor. Je suis le pur qui sort de la prairie marécageuse.
NHB est le mot générique pour tous les lotus, le blanc, le bleu et le rose.
Le lotus blanc ou lys du Nil, à graines de pavot et pétales arrondis, porte le nom de Seshen qui donnera le prénom Suzanne. Le mot est formé sur le verbe sesh qui signifie ouvrir, tisser et qualifie le scribe et l'art décrire, ce qui rattache aussi le lotus à Thot. L'écriture hiéroglyphique crée et participe à l'entretien de la création. Le lotus blanc s'épanouit la nuit à la lumière de la Lune et fleurit pendant trois jours.
Le lotus bleu ou Nymphéa coerulae au parfum suave et aux pétales pointus est la première plante sortie du marécage primordial. Il s'ouvre le matin et se ferme le soir. C'est lui qu'on trouve sur les tables d'offrandes et dans la coiffure des nobles dames de Kemet.
Le lotus rose ou Antinoéen Nymphea Nelumbo, dont les grains et les rhizomes sont bons à manger est d'une saveur assez sucrée, prétend Hérodote. C'est la fleur de Nefertoum et du jeune Hor. Il symbolise le soleil levant.
Je suis un lotus issu du champ du Soleil. Livre des morts, Chapitre LXXXI.
Je me soulève, moi Hor, chef de la ville de Pé, celui qui est sur sa feuille de lotus.
Textes des Pyramides.
Lors du rituel de l'aube, le prêtre offrait au netjer une fleur de lotus en or, articulée. Il actionnait la tige, la fleur s'épanouissait et laissait apparaître la statuette de l'enfant solaire accroupi au cœur du lotus.
Sur les frises murales des temples, la fleur de lotus bleue est souvent associée à des grappes de raisin qui mûrissent au moment de la crue. Les deux motifs symbolisent l'éclosion du bonheur et d'un perpétuel renouvellement de la création.
Le lotus, ingrédient important de la parfumerie égyptienne, répand le parfum suave des dieux.
Il réunit les quatre éléments constitutifs de l'univers : ses racines partent du fond limoneux, il croît dans l'eau, ses feuilles s'épanouissent dans l'air et se nourrissent du feu du soleil.
Dans le domaine alchimique, le lotus symbolise à la fois la maturité et la sublimation.
Dans l'alchimie taoïste, on dit qu'il harmonise le plomb et le mercure.
Dans l'alchimie occidentale, il correspond au Sel, au Mercure et au Soufre.
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