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LETTRE A NEBIOUNOU

  • scakhepri
  • 31 mai 2023
  • 2 min de lecture

An VI du règne d' Amenhotep Djéserkarê


Cher Nebiounou,

J'ai vu hier dans le ciel un vol d'oiseaux migrateurs qui volaient vers le Sud. Ils venaient peut-être du royaume de Mitanni où tu es désormais en poste. Je sais combien les Egyptiens sont contrariés de vivre loin des rives de leur Pays bien-aimé. Dans ton dernier message tu me disais que, tous les jours, tu penses à l'odeur du Fleuve, à l'ombre et à la lumière qui jouent avec les reliefs de la montagne, à ta tombe restée inachevée, à ton épouse et tes enfants qui n'ont pas pu te rejoindre.


Je t'écris de mon jardin près du bassin garni de lotus blancs, de petits tilapias et de milliers d'insectes aquatiques. Les mouches à miel butinent les bleuets et les fleurs de mélilot. Il règne ici une douceur qui ne laisse aucune place à l'inquiétude. Un lièvre a trouvé refuge dans un bosquets de tamaris. De temps à autre, un cobra vient boire du lait dans une coupe d'albâtre déposée au pied d'une stèle de Méretseger qui, tu le sais, est ma déesse de prédilection. Mon chat surveille le serpent mais se garde bien de l'approcher. Il préfère jouer avec les sauterelles et les oiseaux.



Ces derniers jours, j'ai relu des textes de l'Empire médian. Rédigés dans un style impeccable, ils parlent d'un monde qui n'existe plus ou alors au-delà de l'Horizon Akhet.

La nuit, j'entends des bruits dans la maison. Les fantômes se chamaillent. Dans la syringe royale, les shaouabtis en bois doré travaillent jusqu'à l'aube.

J'ai rêvé que j'étais encore vivant et que tu venais sur ma tombe déposer des offrandes et dialoguer avec mon BA. Je ne sors plus d'ici. Il n'y a rien au-delà de mon jardin.

 
 
 

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