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LES TEXTES DES PYRAMIDES

Les textes dits des Pyramides sont le plus vieux livre du monde, la plus ancienne trace d'une pratique spirituelle et mystagogique de haut niveau.

Leur vrai titre est Le rouleau du Netjer.

Netjer ne désignant pas ici un dieu mais le roi divinisé.


Les Textes des pyramides s'accordent au poète dans leurs longs rituels que récitent les prêtres pour allumer le monde. Ces gens sont des savants. Ils connaissent les règles grâce auxquelles l'esprit renverse le cours de l'univers.

Max Guilmot.




Où se trouvent les textes ?

A l'intérieur de 11 pyramides de la VIe dynastie à Sakkara.

Les premiers, ceux du roi Ounas, sont datés de la fin de la Ve dynastie vers - 2375-2345.

Les autres rois sont dans l'ordre : Téti, Pépi I, Merenrê, Pépi II, les reines Neith, Ipout, Oudjebten, Aba.


Par ailleurs, des fragments de ces textes se trouvent sur des sarcophages, statues, vases canopes, papyrus.

Il est vraisemblable que les fouilles menées actuellement dans l'immense nécropole de Sakkara en mettront d'autres à jour.

Précisons que les T.P. ont une une influence durable sur les Textes des Sarcophages du Moyen Empire et sur tous les corpus funéraires du Nouvel Empire. On en trouve encore des traces dans les papyrus funéraires de la Basse époque et de l'ère gréco-romaine.

Ils sont pour l'instant organisés en 759 chapitres de taille très variable.

227 dans la pyramide d'Ounas.

Précisons enfin que les pyramides de la dynastie antérieure, comme celles de Khéops, Khephren ou Mykérinos, sont anépigraphes.


Origine des Textes

Les plus anciens textes hiéroglyphiques sont la fixation par écrit de mythes, rites funéraires, magie , une pensée métaphysique bien antérieure à L'Ancien Empire, ce qui remet en question les chronologies et les origines lointaines de Kemet.

Des chercheurs comme Sethe les font remonter à la Préhistoire.

Il est probable que ces textes étaient récités dans l'entrée et la chambre funéraire au moment de l'inhumation des souverains et sans doute aussi utilisés lors des rites mystagogiques héliopolitains.

Avec Hor, Aset, Ousir, toute la famille osirienne apparaît dans ces textes.

Ousir est défini comme le fils des dieux héliopolitains Geb et Nout.

Le tout est revu à travers le prisme de la pensée solaire d'Iounou, d'origine pountite, dominante sous les Ve et VIe dynastie.

Les pyramides elles-mêmes sont des monuments solaires.


La langue des Textes des Pyramides.

D'une poésie fulgurante, les T.P. sont à l'évidence la langue codée des Mystères héliopolitains.

Une langue entre magie et mythe qui ne constitue pas un texte cohérent, logique, suivi, mais une suite de séquences, de formules courtes, indépendantes les unes des autres.


Voici quelques caractéristiques de ces textes :

Pas de signes déterminatifs.

De nombreux hiéroglyphes à signification variable et non habituelle.

Des signes magiques comme les serpents mutilés ou découpés.

Beaucoup d'incantations magiques et de conjurations mystérieuses car très archaïques.

Les colonnes de textes ne suivent pas toujours un ordre logique.

Très peu de signes figurant des humains ou des animaux.

Un système de références difficile d'accès : allusions aux deux royaumes séparés, inhumations sans embaumement, cannibalisme rituel comme le roi dévorant les dieux pour acquérir leur nature.

Allusions à des rites initiatiques très anciens, comme la décapitation.


Dans un tel cas, il est évident que la traduction n'est pas facile par manque de connaissance du contexte religieux et historique de l'époque.

La première traduction intégrale des textes d'Ounas est celle de Piankoff en 1968 qui a rendu caduques les traductions antérieures mais qui est contestée aujourd'hui.

La traduction de référence reste celle de Raymond Faulkner, publiée en 1969.

La plus récente est celle de J.P. Allen en 2005 qui a le mérite de replacer les textes dans l'organisation spatiale de la pyramide, à comprendre comme une sorte de géographie de la Douat.


Le thème central.

Il est question de la destinée stellaire du roi-myste.

On a parlé d'un obsédant désir d'éternité permettant de dépasser toutes les limitations humaines.

Le roi monte au ciel par la vertu des formules et des rites en se servant de l'escalier pyramidal et en se transformant en oiseau, en particulier le Benou-Phénix.

La pyramide est conçue comme un faisceau de rayons lumineux transperçant l'obscurité et servant de chemin au voyageur céleste.

En aucun cas le roi ne veut d'une existence dans l'obscurité de la tombe envisagée comme un espace osirien alors que la Douat héliopolitaine est un espace céleste plein d 'étoiles.

Peu à peu, le roi acquiert une nature divine qui le rend immortel comme les étoiles impérissables.

A noter que le roi est le principal agent de ses métamorphoses. Il se divinise par sa propre volonté, sa dynamique spirituelle, il s'impose aux entités célestes, il est le seul responsable de son devenir post-mortem.

Autant d'éléments caractéristiques da la démarche initiatique qui ne demande pas l'assistance des dieux mais leur participation.


Ô roi, ce n'est pas mort que tu es parti, c'est vivant que tu t'en es allé.




Le processus mis en œuvre.

Les textes sont les agents d'une Magie opérative de résurrection par la vertu des signes, des invocations, des incantations, des formules rituelles.

Le roi affirme qu'il connaît :

Les formules pour traverser l'Horizon Akhet.

Les noms des dieux, génies et gardiens des portes qu'il doit ouvrir.

Les noms des astres et constellations du ciel.

Il sait s'exprimer en hiéroglyphes, langue des entités divines.

Il sait gouverner les barques du soleil et de la lune.

Il n'ignore rien des offrandes et de leur bon dosage.

Il sait diriger les rituels at assurer leur réussite.

Il sait rendre vivants les signes et les images.


L'apothéose du roi suit différentes phases : il passe ainsi du roi mort à un Hor vivant, du Noir au Rouge.

Un procédé très alchimique car il s'agit d'une immortalisation qui provoque la Fusion avec les forces de l'univers.

Le roi doit s'intégrer aux grands cycles cosmiques en usant du système des Offrandes, des rites purificateurs, de l'acquisition de pouvoirs magiques, de la connaissance des formules exactes qui écartent les obstacles et permettent de triompher des forces hostiles et négatives de l'univers.


Chez Ounas, il est précisé que le secret de la vie réside dans la lumière et qu'un être Hetep est lumineux, rayonnant comme un nouveau soleil.

Une idée phare que, mille ans plus tard, Akhnaton reprendra à son compte.


Sur terre on existe, dans le ciel on vit.









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