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LE TEMPLE DE KASR ES SAGHA


Mesy apprit à consacrer de plus en plus de temps au Vide, à l'invisible, aux frôlements, aux moments intermédiaires, trop brefs pour être inconvenants.

Il n'était plus de saison de chercher ce qu'il avait perdu ou ce qu'il croyait avoir perdu.

Dans tous les voyages, on perd une partie de ses bagages, une partie de soi. On oublie même pourquoi on est venu, c'est alors que le voyage commence vraiment.


De nombreuses étoiles viennent se réfugier dans le temple de Kasr es Sagah quand elles sont menacées par un Trou noir. Mesy avait passé trente ans de sa vie dans ce temple qui ne ressemble à aucun autre connu. Un sanctuaire au carrefour des univers qui recycle ce qui est condamné à disparaître.


J'ai mis des années avant de trouver ce temple, accroché à des montagnes désertiques au-dessus du lac Qaroun, dans le Fayoum. Ici le temps s'écoule à l'envers, les miroirs se troublent. Quelque chose plane en permanence au-dessus du temple. Seul Mesy en connaît la nature.


Le silence est le compagnon du Vide. A Kars el Sagha, on n'a pas envie de parler mais plutôt d'écouter la voix du vent d'ouest qui vient de traverser 7 000 km de désert.


Très lentement, les pierres du temple ont terrassé la mort. Elles ne l'ont pas éliminée mais enveloppé dans leurs cellules cristallines.


Mesy m'a pris par la main et nous sommes entrés dans l'étroit couloir percé dans la maçonnerie du mur. Il ne mène à rien de moins que l'inexistant. Est-ce un état, une attitude, une autre façon d'envisager le passage ?

Nous ne sommes pas dans le ventre d'une mère, on ne détecte aucune trace d'humidité. Personne ici ne connait votre nom. Vous êtes une créature anonyme ressemblant vaguement à un humain en transit entre deux réalités contradictoires.


La vieille Peugeot était ensablée jusqu'aux portières.

Je ne veux pas mourir ici.

Je marcherai jusqu'au temple, le forcerai à me livrer passage.

Il faut parfois être autoritaire avec les Gardiens des portes.


Aucun signe de vie dans le voisinage du temple, pas un chant d'oiseau, pas un brin d'herbe, les serpents se tiennent à distance. Le minéral règne en maître absolu. Il faut s'efforcer de devenir une pierre embarquée dans un vaisseau au fond de l'espace. Si rien n'est en attente, la chose est bien cachée.


Mesy était là pour me passer le relais. Après quoi, il rejoindrait ses Ancêtres en lévitation au-dessus du temple et du désert.

Sa dernière phrase fut : On n'entre pas au débotté dans le palais fermé du Roy.


Le nom égyptien de Kasr es Sagha est inconnu. On l'ouvre rituellement avec une formule shemsou.

Le nom arabe actuel signifie Le château des Joailliers car on prétend qu'un important trésor de bijoux et de métaux précieux aurait été découvert ici.

Après bien des discussions, on a fini par le dater de la XIIe dynastie sur la foi d'un vase d'albâtre retrouvé ici en 1970 et portant les cartouches des rois de cette dynastie, Amenhemat et Senouseret.

Pendant longtemps, on a cru qu'il datait de l'Ancien Empire à cause des énormes blocs de l'appareillage tels ceux qu'on voit dans le temple funéraire de Khéphren à Guiza.

On pense aussi à l'architecture des Incas.

En fait, il reproduit à une échelle réduite le grand temple d'Hor à Nekhen-Hiéraconpolis. Comme lui, il possède 7 naos.


La ville, autrefois au bord du lac, en contrebas, était une importante garnison occupée par les Shemsou Hor.

Son nom : Sobek en pa iou, l'Île de Sobek ,devenu en grec Soknopaiou nesos.

Le nom arabe est Dimé.

Le site a été découvert en 1884 par Georges Schweinfurt.

Les premières fouilles scientifiques ont été menées à partir de 1920 par une anglaise, Gertrude Caton Thompson.

La ville, fouillée à nouveau dans les années 1930 par l'Université du Michigan, a permis la découverte de nombreux papyrus ptolémaïques dont un célèbre sur la circoncision des prêtres.

Le dieu Sobek local est figuré en crocodile à tête de faucon et joue un rôle oraculaire.

On vénérait aussi une triade : Aset, Imn, Harpocrate.

C'est d'ici que partait la principale piste menant vers les oasis de l'Ouest.


Le temple lui-même, bien à l'écart de la ville, était un des sites majeurs pour la pratique des rites mystagogiques shemsou.

Le monument est construit sur un des lieux primitifs de l'implantation des Grands Ancêtres Rouges venus de l'Ouest.

Le mythe dit qu'ils auraient pour la première fois contemplé Kemet depuis le sommet de la montagne tabulaire qui est derrière le temple.

En Egypte, tout est double. Kasr es Sagha est la ville miroir d'Abydos.


Le monument est construit sur une plate-forme naturelle dans un somptueux décor de montagnes désertiques, au nord du lac, beaucoup plus étendu dans l'Antiquité.

Tout autour, d'importants gisements fossilifères de végétaux et d'animaux.

Le temple est fait de gros blocs de grès de taille inégale, taillés dans les carrières du Gebel Quatrâni, à 25km à l'ouest du site.

L'entrée est au sud.



A l'intérieur 7 chapelles, trois chambres et un curieux dispositif en couloir creusé à l'intérieur du mur nord-est.

Ces chapelles sont en fait des naos consacrés à :

1) Heka.

2) Hathor.

3) Djéhouty.

4) Neith.

5) Min.

6) Sobek.

7) Sobek.





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