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LE PUR ET L'IMPUR

Un desservant du temple ayant le privilège de vivre dans la maison du dieu doit être Ouâb , PUR.

Sénénou, prêtre de Neith, n'arrivait pas à être ouâb en permanence. Il l'était par intermittence ou quand il n'avait rien d'autre à faire. Il estimait parfois qu'il était naturellement pur, en laissant aller les choses, en suivant sa nature. Être impur demande beaucoup d'efforts séthiens incompatibles avec une vie dans la sérénité.



En Egypte, il est difficile de définir le concept de pureté, conçue comme une absence d'impuretés, de souillures. Le terme ouâb signifie une place inoccupée, comme une feuille de papyrus sur laquelle rien n'est encore écrit, sans taches.

Ouâb est la qualité qui permet d'entrer dans un temple, une tombe. Les pilleurs de tombes sont sévèrement punis car ils souillent l'espace sacré où repose un défunt, un être pur par excellence.

Ouâb doivent être les nourritures posées sur les tables d'offrandes.

Ouâb doivent être les paroles, les formules prononcées lors d'un rituel.

Ouâb doivent être les pensées de celui qui entre dans un téménos.


Le mot pour impureté bwt s'applique à tout ce qui répugne, fait horreur, une abjection, une abomination, parfois un tabou, un interdit, une rupture des règles, du sacré, une offense contre l'ordre incarné par la Maât. Isefet, qui détruit l'ordre, est une entité impure que le roi et les Shemsou doivent combattre et repousser sans cesse. Un travail harassant car elle a de beaux jours devant elle, est présente partout et tout le temps dans le monde.

Nous vivons dans un monde impur, souillé par des flots de pensées nocives dont nous n'avons que rarement conscience.


Rares sont les individus spontanément purs mais ils existent, on le voit dans leurs yeux, dans leur regard qui ne peut mentir, qui n'est pas encombré de pensées parasites.

Être ouâb rend la vie moins insignifiante.

Pour être ouâb, il faut lâcher prise, devenir un légume comme une aubergine brillante ou un poivron jaune.


Assis sur sa natte, les jambes repliées, le scribe est ouâb, tant qu'il n'a pas tracé un signe. Avant d'écrire, il verse sur le sol trois gouttes d'eau en l'honneur du Trismégiste. L'eau du fleuve sacré servant à la dissolution des encres est ouâb, a la couleur du Noun dont la pureté est absolue.


Un rituel n'appartient pas seulement à une culture spécifique comme celles de Kemet ou de l'Empire du Milieu. C'est avant tout un bon dosage des ingrédients mis à cuire dans le creuset placé dans l'athanor. Chaque élément a été purifié de nombreuses fois. Le rite fonctionne quand il a atteint la bonne température. Le FEU chymique purifie les corps en décomposition.


Sénénou remontait en barque le canal sinueux qui conduit en Abydos. A chaque coup de rame, il s'éloignait et se rapprochait du dieu dont la tête coupée repose au centre de l'île souterraine. Il saurait bientôt si ses yeux sont ouverts ou fermés.

Arrivé devant lui, il déclara : Je suis ouâb, je suis ouâb, je suis ouâb.

N'avance plus, dit le dieu, recule, tu n'es pas encore assez ouâb.





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