Le très ancien RITUEL D'OUVERTURE DE LA BOUCHE fut d'abord pratiqué dans l'atelier, la Chambre de l'or des artisans car, une fois terminée, il fallait donner le souffle à la statue afin de la rendre vivante.
On peut parler d'un rite d'animation.
Ce même rite était mis en œuvre le jour de l'inauguration d'un temple. Puis il fut étendu aux morts bienheureux en route pour la Douat.
C'est un rituel d'une grande complexité comprenant 75 phases, pratiqué par le fils aîné du défunt en tant que prêtre Sem, devant l'entrée de la tombe, le jour des funérailles. Huit autres officiants l'assistaient.
En pratiquant ce rite sur son père, le roi prouvait sa légitimité.
Avec un instrument nommé Pesech-Kaf, on ouvrait la bouche au début et à la fin du rite puis avec une herminette de menuisier les yeux, le nez et les oreilles du défunt, ce qui lui donnait l'opportunité de respirer, de voir, d'entendre et de profiter des offrandes dans l'Au-Delà. Thot, Ptah, Osiris, Chou et Sekhmet patronnaient cette cérémonie magique.
Nous nous attarderons sur le plus énigmatique des outils du rite, le Pesech-Kaf que vous voyez sur le document accompagné de vases et de gobelets à parfums et onguents.
Celui-ci date de l'Ancien Empire.
Il est sans doute en usage depuis la Préhistoire et ressemble fort aux grattoirs du Paléolithique, très utilisés sur les rives du Nil.
C'est une lame bifide évoquant la langue des serpents ou la queue des poissons, en silex ou en obsidienne, deux minéraux de nature séthienne.
Avec cet outil, l'officiant maintenait fermement les deux mâchoires du défunt afin qu'elles fonctionnent librement et que le mort puisse mastiquer les aliments disposés dans la tombe et s'éveiller à une vie nouvelle.
Il déclarait alors : J'ai consolidé tes mâchoires, de sorte qu'elles soient à nouveau divisées. J'ai rouvert ta bouche au moyen de l'outil pesech-kaf avec lequel est ouverte la bouche de tout dieu et de toute déesse.
Le mot pesech-Kak peut se traduire par L'écarteur de minéral kaf. Kaf est le silex, un minéral associé aux dents en Egypte. Un mort doit avoir les dents longues...
Il faut souligner que cette lame servait aussi à couper le cordon ombilical lors de la naissance. Couper le cordon permet de détacher symboliquement l'enfant de son existence ancienne.
La déesse naissance Meskhenet l'arbore sur sa tête.
La lame avait en outre un usage thérapeutique et servait à apaiser les souffrances.
On le retrouve parfois dans la boite à outils des Mages-médecins.
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