Je regarde le monde et ne le juge pas. Je peux vivre sans lui mais aussi le laisser m'investir. J'aime un monde qui n'appartient à personne, tout en lignes de fuite, insaisissable.
En effaçant les traces de son passage, on laisse l'Empire glisser vers une histoire plus insolite dont les maîtres sont des statues de quartzite. Elles observent depuis l'intérieur ce qui est en train de se rapprocher de nous et risque de nous cerner. On évite l'encerclement en adoptant la forme du grand Serpent Mehen qui est notre Supérieur Secret.
Si le monde a un goût étrange, de profonds changements se préparent. Il devient un piège quand il paraît normal et calme. Les Shemsou se déplacent à la fois sur les crêtes et dans les passages souterrains qui ne sont ni extrêmes ni complémentaires.
Les plus coriaces sont les luttes spirituelles qui ne laissent aucune chance à la médiocrité. Le Shemsou ne se bat pas pour gagner ou prouver qu'il existe mais pour subjuguer les limitations inhérentes à la nature humaine. Il ne veut pas d'un monde en réduction, replié sur ses angoisses et en perte de vitesse. La densité dépend de la précision des gestes rituels, qu'on use d'un couteau ou d'un encensoir. Le geste rituel ne s'arrête pas, il tourne tel un serpent Ouroboros, il maintient un moment encore la dynamique d'un monde destiné à disparaître.
Les Mages pratiquent des envoûtements, les Shemsou des désencerclements. Ils repoussent les forces oppressantes qui nous empêchent de respirer, rendent terne et sans saveur le monde autour de nous. Avec précision, ils dosent le rouge du sang séthien et la noirceur des lymphes osiriennes.
Les Shemsou sont toujours sortis vainqueurs des luttes implacables menées contre les forces obscures qui nous rongent de l'intérieur. Elles ne sont pas nocives parce qu'elles sont obscures mais parce que leur densité s'effrite au moindre choc.
Les guerriers horiens savent jouer sur l'effet de surprise car leurs attaques sont divergentes. Ils ne visent pas le centre de la cible mais le cœur de la cristallisation du problème où ne peut s'incruster la sacralisation des actes délibérés.
Comment bien planter le poignard dans la chair si on se laisse envahir par la tristesse ?
Ils ne lancent pas les hostilités contre le monde, ils ne pactisent pas non plus avec lui, ils attendent pour l'investir qu'il révèle ses fragilités et ses insignifiances.
Le monde est serti dans les pyramidions, la première pierre que le temps fait rouler au pied d'un monument imaginé par des mages architectes au service d'un roi investi par la divinité.
Les Shemsou Hor recueillent les pyramidions et les placent dans les chambres fortes de la mémoire de Kemet.
Autant de pyramidions, autant de mondes en attente.
Les Ancêtres des Shemsou Hor viennent aussi bien de la mer que du désert. Avec eux, l'humide et le sec sont en parfait équilibre.
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