Zozime de Panopolis : Celui qui regarde dans un miroir ne regarde pas les ombres mais ce qu'elles font entendre, comprenant la réalité à travers les apparences fictives.
Les belles dames de Kemet avaient un miroir sur leur table de toilette, les morts en emportaient un dans leur tombe car il est pourvoyeur de vitalité.
Lors de certains rituels, le roi présentait deux miroirs à la divinité : l'un, en or, symbolisait le soleil, l'autre, en argent, la lune. Les deux matérialisaient le renouvellement perpétuel du mouvement cosmique et l'efficience des yeux d'Hor.
Il existe plusieurs mots pour Miroir :
Le plus courant est ANKH, la vie capable de retenir la lumière des origines.
Miroir est synonyme de la vie nouvelle que procurent les rites initiatiques.
On le nomme aussi ITN.
Il est encore désigné par OUN-HER, terme qui signifie ouvrir, découvrir la face de celui qui s'y regarde.
Il existe deux autres variantes, IRMAOUHER, chose où on se voit le visage et MAA-HER, l'objet qui voit le visage.
Le mot BIA désigne aussi bien le miroir que le fer météoritique.
Objet magique placé sous l'égide d'Hathor, le miroir est détenteur du mystérieux pouvoir d'imiter la vie. Il est aussi un instrument de rajeunissement perpétuel, ce qui explique pourquoi le manche des miroirs est parfois une jeune fille nue. Le manche peut aussi être un papyrus ou un lotus, symboles de régénération par excellence.
Regarder dans un miroir, c'est arrêter le temps dans une confrontation avec soi-même.
Les miroirs hathoriques sont le plus souvent en électrum, mélange naturel d'or et d'argent.
Se regarder dans un miroir n'est pas seulement un acte esthétique mais correspond au désir de s'identifier à Hathor, de participer à la vie des astres célestes.
Le miroir évoque la beauté de la déesse qui se contemple, elle qui est la splendeur de la création.
La déesse vautour Mout est aussi en correspondance avec le miroir.
Ce sont les prêtresses de cette divinité qui pratiquent l'offrande des miroirs, toujours présents au début des itinéraires initiatiques.
Les Mages en usent pour renvoyer à l'expéditeur les pensées et les énergies négatives. Il protège des ennemis visibles ou invisibles et des entités nocives de la terre. Il permet en outre de ne pas être victime de ses fantasmes.
Surtout, le miroir est un outil magique qui permet d'entrer en contact avec les autres mondes, de pénétrer d'autres dimensions passées ou futures. On comprend mieux alors pourquoi le miroir entre dans les pratiques oraculaires.
John Dee se servait d'un bloc de cristal de roche et d'un miroir en obsidienne noire pour communiquer avec les entités invisibles.
Les miroirs sont censés être fondus ou façonnés à Memphis, des mains mêmes de Ptah, de Sokar ou de Tatenem.
En alchimie, art associé à Ptah, le miroir de l'Art correspond au début du Grand Œuvre dont l'Arbre de vie marque la fin et la Corne d'abondance le résultat.
Dans le laboratoire, il capte les rayons du Soleil et de la Lune sans lesquels nulle entreprise chymique n'est envisageable.
Le miroir peut alors être envisagé comme le Temple intérieur, la porte ouverte sur la voie de la connaissance intérieure.
Il est aussi un des emblèmes de la Materia Prima, le hiéroglyphe du minerai secret qui, sous l'action du Feu secret, se transformera en Pierre Philosophale.
En Hermétisme, le miroir rappelle la profondeur des spéculations du Trismégiste, illuminées par la splendeur divine.
La Gnose en a fait le symbole de la vision spirituelle.
Michel Sandivogius, dans son traité d'alchimie intitulé La nouvelle lumière chimique, écrit :
Dans le miroir magique, on peut voir les trois parties de la Sagesse du monde, on peut reconnaître au premier coup d'œil la création du monde, les influences des puissances célestes sur les choses terrestres et la manière avec laquelle la Nature a composé les substances en réglant la chaleur.
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