Bès est un dieu très populaire, sans doute d'origine africaine si l'on considère que ce n'est pas un nain mais un pygmée à la tête couronnée de longues plumes d'autruche.
Plus exactement, c'est un être hybride avec un faciès léonin. Il est nu, avec des jambes courtes et torses ce qui toutefois ne l'empêchent pas d'être un excellent danseur. Il est en outre souvent ithyphallique et considéré comme bisexuel. Il tire la langue pour manifester la puissance du Verbe divin. Contrairement aux autres dieux il est représenté de face, ce qui pour les Egyptiens est synonyme d'étonnement, de stupeur.
Il n'a pas de temples car il œuvre dans le giron de la famille. Il protège les enfants et les femmes en couches et plus généralement toute la maisonnée. Sa musique fait disparaître les sensations douloureuses des femmes qui accouchent.
Les Shemsou Hor le vénèrent car, lors des batailles, il veille sur les guerriers sous le nom de AHA le Combattant que l'on considère comme l'ancêtre de Bès brandissant des couteaux ou le signe SA. Il peut également tenir dans ses mains des serpents, des lézards ou des lièvres.
Il éloigne les mauvais esprits, les animaux nuisibles , veille sur le sommeil et les rêves.
Danseur, il est aussi un musicien associé à Hathor. Il joue du tambourin, de la harpe et de la flûte. Au Nouvel Empire, les musiciennes et les prostituées portaient sur la cuisse droite un tatouage de Bès.
Bès est le nom que porte une statue lorsque le KA étant déjà présent en elle, elle va recevoir le BA. Ainsi le vocable Bès est une formulation synthétique qui unit les énergies les plus puissantes.
Les Phéniciens, qui l'assimilaient à Ptah et aux Patèques, ont répandu son culte dans toute la Méditerranée.
Pour ne pas être en reste, les chrétiens l'ont adopté sous le nom de saint Bessus. On l'imagine faisant des pitreries, des cabrioles et des grimaces dans le chœur des cathédrales !
Après cette approche qui méritera d'être complétée, revenons à Bès danseur.
Le mot hiéroglyphique pour danseur est JBAW bâti sur le verbe JBA, en référence au comportement bondissant d'un animal qui se déplace sur une pente escarpée.
Le dieu frappe le rythme de la danse sur un tambourin.
Lors des rituels d'Hathor ou des dieux-enfants, il peut se lancer dans une danse qui tourne rapidement à la transe, telle celle des chamans.
Ces danses peuvent être aussi exécutées à des fins protectrices lors des rituels de guérison, dans des chambres d'incubation par exemple.
Il est aussi précisé que les danses de Bès réjouissent les dieux, ce qui les rend favorables envers leurs fidèles.
Plus généralement, en Egypte, danse et musique sont toujours liées à la sexualité.
En Egypte et dans le monde africain, Bès s'apparente à ces dieux démiurges et masqués qui créent le monde au moyen de la danse, de 7 danses qui accompagnent 7 paroles.
Lors du Heb Sed, la danse est un rituel de renouvellement de la force vitale du monarque et de celle de l'ensemble de ses sujets.
Lors de la fête célébrant le retour de la Déesse lointaine, le roi danse pour apaiser et réjouir la lionne furieuse tout en jetant en l'air de la poussière de faïence verte et de la poudre d'or.
Lucien écrit : Les danses de Bès traduisent en mouvements expressifs les dogmes les plus mystérieux de la religion, les mythes d'Apis et d'Osiris, les transformations des animaux et par dessus tout leurs amours.
Bès chante et danse aussi pour chasser les bêtes sauvages et tous les animaux séthiens incarnant le mal.
Il existe des confréries de mimes et de danseurs œuvrant dans les temples et à la cour royale. Dans les temples, ils accompagnent de leurs mouvements la lecture à haute voix des textes sacrés qui deviennent ainsi des hymnes dansés. Ils peuvent danser pour tous les dieux.
Outre Bès, les autres dieux danseurs sont Chou, Ihy le fils d'Hathor, Thot et Hor.
Quant à l'art de la danse, il aurait été enseigné aux hommes par Ousir, en particulier pour faire remonter à la surface les forces telluriques en frappant rythmiquement le sol.
Bès a une parèdre, BESET. Précisons qu'une divinité parèdre n'est pas l'épouse du dieu mais l'expression de sa nature féminine telles INPOUT, parèdre d'Inpou ou Raït, parèdre de Rê.
Vous voyez sur ce document Beset dansant en s'accompagnant du tambourin. Le signe qu'elle porte sur la tête est celui du FEU divin animateur de la vitalité de la Nature. Ce hiéroglyphe véhicule aussi la notion de passage à un état supérieur.
La petite déesse joue un rôle identique à celui de Bès, à savoir la protection magique des femmes, des enfants, des malades, de tous ceux qui ont besoin d'une aide divine dans des moments critiques. Pour cela, Beset est la maîtresse des sages-femmes et des thérapeutes traitant les maladies féminines ou les problèmes liés à la fertilité.
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