J'ai la passion des images qui cachent quelque chose.
Images testament des temps révolus qui ne se résolvent pas à disparaître.
Elles sont en suspension dans la lumière égarée des tombes.
Les bas-reliefs mangent les crépuscules.
Il arrive que les hiéroglyphes aient un rapport avec les images.
Ils offrent une autre version de l'histoire, tentent de donner un sens à ce qui n'en a nul besoin.
Une écriture faite d'images est en prise directe avec l'irréel, avec le murmure du temps et le feulement des félins.
A quoi pensait le scribe des contours quand il traçait un visage de profil qui forcerait le passage des millénaires ? Les images égyptiennes ne se conforment pas à nos désirs mais à notre mal de vivre. Nous sommes loin de la perfection qui a existé un jour sur les rives du Nil.
Les icônes voyagent entre Waset et Men Nefer. Malgré des règles rigides elles s'adaptent au monde intérieur de celui qui remonte le fleuve en sachant qu'il n'arrivera jamais à destination.
Une image de navigation ne décrit pas le fleuve, elle en mesure la profondeur, cherche à dresser une impossible cartographie des bancs de sable qui se déplacent sans cesse. Seth donne aux marins l'illusion que le mystère affleure en surface, si proche que nous n'avons plus besoin de lui.
Images loin du tumulte et des vociférations de l'Histoire. Elles nous parlent de nous sur le ton de la confidence, tiennent à distance ce qui nous chagrine, nous rend insatisfaits, impatients, trop occupés à survivre.
Que se passerait-il si nous commencions à oublier les reliefs qui donnent une vie intense à la tombe du vizir Ramose ?
Nous raterions notre dernière tentative d'évasion.
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