THOT dit : Tout a son principe masculin et son principe féminin.
Un principe qui s'applique aussi aux reines dont on n'évoque pas assez la fonction rituélique.
Observons cette première image qui se trouve à Deir- el-Bahary. Nous y voyons la reine AHMES, Grande Epouse royale de Thotmès Premier et mère d'Hatchepsout.
Elle est figurée en officiante de rituel : elle porte sur la tête la dépouille de vautour, indice de sa fonction sacerdotale. Elle est la prêtresse de NEKHBET, l'antique divinité du Sud.
Elle tient dans les mains le sceptre floral, l'équivalent féminin du Nekhakha ou flagellum des rois et un collier MENAT, bijou d'ordre des femmes appartenant aux Shemsou Hor.
Le mot MENET vient de menet, la Nourrice. Il a le pouvoir d'apaiser la Furieuse, Hathor lionne, prototype de l'Ogresse initiatique en qui on retrouve les pulsions dangereuses de la Grande Déesse- Mère.
Ce "collier" est en fait un instrument de musique dont les sons éloignent le mal et les entités inquiétantes de l'univers. Il sert encore à se concilier les puissances naturelles.
Sa nature est triple : dans le mode masculin, il est séthien, dans le mode féminin, hathorien, dans le mode neutre, il est Seth émasculé par Hor.
Au niveau du rituel, il sert à éliminer tout ce qui appartient au registre de la passion ou de l'émotion qui risquent d'en perturber l'harmonie.
De plus, il renforce l'efficacité magique des formules et textes rituels car il ne génère que des sons justes.
Revenons au rôle rituel de la reine qui n'est pas "symbolique" et ne consiste pas seulement à agiter le sistre ou le menat.
La reine porte alors le titre de hmt ntr, la femme divine.
Ce rôle est calqué sur le modèle hathorique : dans la théocratie, le roi est l'actualisation d'Hor, la reine d'Hathor.
Depuis l'Ancien Empire, tous les rites concernant Hathor sont sous la gouverne des femmes de la famille royale.
Concrètement, ce sont des femmes qui dirigent les temples consacrés à une déesse : Hathor, Neith, Aset, Nekhbet, Nout...
Elles n'appartiennent pas forcément à la famille royale.
Plus largement, dans toutes les pratiques rituelles, la reine incarne la polarité féminine de l'officiant. Pour fonctionner parfaitement, le rite doit être mené par un être androgyne dont les polarités féminines et masculines sont parfaitement équilibrées.
Le prêtre-roi n'est rien sans une reine-prêtresse.
La souveraine joue un rôle capital dans les rites de la monarchie comme le Heb Sed, l'intronisation, les funérailles royales ou le rituel des moissons de Min.
A Nekhen, il existe un important collège de Shemsout attachées à la célébration de l'initiation héroïque.
C'est à Saïs, dans le temple de Neith, déesse archère et guerrière que la reine et les princesses font l'apprentissage de leurs fonctions rituelles.
Depuis le début du Nouvel Empire, la reine exerce le contrôle du clergé d'Amon à Karnak, un rôle qui sera renforcé par Hatchepsout. Sa mère Ahmès portait le titre de Premier Pontife d'IMN.
Ce rôle deviendra primordial avec les Divines Adoratrices d'Imn à la Basse Epoque.
On peut évoquer ici la place essentielle que tenait la reine NEFERTITI dans les rites atoniens et que montrent de nombreux reliefs
A Akhet Aton, elle disposait de son propre temple où étaient accomplis des rites héliopolitains spécifiques sous l'égide d' IOUSAAS, la parèdre de TEM.
Dans le système atonien, le roi est CHOU, la reine TEFNOUT.
Sur le thème des femmes actrices des rites, un énorme champ d'investigation reste encore à explorer, particulièrement dans les rites mystagogiques qui sont, à l'origine, d'essence féminine.
Terminons cette approche par une seconde image.
Sur ce relief, on voir Ramsès II et la Grande Epouse royale ISISNEFERET, mère du prince Khaemouaset et du successeur de Ramsès, le roi Mérenptah.
Le roi présente au netjer le FEU et l'EAU, deux éléments présents dans la plupart des rituels.
La reine brandit un sistre et tient un objet singulier, un vase de pierre muni de son foret. Ce vase de l'Œuvre, ancêtre du Graal, est donc montré en cours de réalisation La reine est celle qui fore le Vase, réceptacle du Miracle, la matrice où la matière va subir une transformation.
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