Vous ne rencontrerez pas ce curieux petit volatil dans la campagne égyptienne, encore moins dans votre jardin. Il est en général posé sur les colonnes des temples, entre deux masses triangulaires vertes qui représentent la végétation.
Il est présent dans l'iconographie égyptienne dès l'époque Prédynastique.
Sa tête bien particulière, avec une petite crête relevée vers l'arrière, permet d'identifier une huppe, oiseau encore aujourd'hui commun sur les rives du Nil.
On a aussi parlé d'un vanneau huppé, oiseau très prolifique qui défend âprement son territoire en chassant les intrus.
Il est noir et bleu, blanc en dessous, avec les ailes et la queue marquées de roux.
Les ailes sont tournées vers l'arrière comme pour entraver le vol de l'oiseau.
C'est une espèce migratrice qui se rassemble en nombre considérable sur des surfaces ouvertes ou des marais côtiers, tels ceux qu'on trouve dans le Delta, en particulier sur les rives du lac Mariout. Il symbolise alors les peuples du Nord, comme les Libyens, toujours prêts à envahir le territoire égyptien. Les Egyptiens le qualifient alors de bétail humain. La huppe bifide évoque les plumes plantées dans les cheveux des nomades libyens qui, comme cet oiseau, courent sur le sable.
Le mot Rhyt désigne les étrangers, le peuple, les sujets et plus généralement les hommes.
Il peut aussi désigner les citadins opposés aux gens des campagnes.
Curieusement, le mot se rapporte aussi bien aux ennemis qu'aux sujets du roi.
On note que l'animal a deux bras humains avec les mains tendues vers l'avant, un signe correspondant au verbe doua, vénérer.
S'agirait-il du petit peuple de pharaon en vénération devant son maître ?
Rhyt est aussi la racine du mot Connaissance. Les Rekhyt sont donc les connaissants, ceux qui adorent les étoiles et les prennent pour guides.
La proximité entre l'oiseau et l'étoile peut aussi se lire comme le microcosme et le macrocosme à l'œuvre dans la création.
Par ailleurs, le hiéroglyphe de l'étoile est le verbe adorer.
Il existe une version hybride du signe où le corps de l'oiseau est remplacé par celui d'un humain agenouillé sur le hiéroglyphe Neb, à comprendre ici comme Tous.
Tous tes sujets te vénèrent, disent les Rekhyt à pharaon.
Cette figuration se trouve surtout dans les temples ramessides.
Nos modernes démocraties ne considèrent plus leurs administrés comme des rekhits mais comme des pigeons.
Autre temps, autre oiseau...
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