Je pense que la mort est une bonne chose. Elle vous libère des récriminations permanentes de vos proches, des plaintes de vos amis qui prétendent que vous les négligez. Vous n'êtes pas assez affectueux, pas assez ceci, trop cela, rien ne correspond à ce qu'ils attendent légitimement de vous.
Le changement est une bonne chose. Changement de vêtements, de lieux, d'habitudes, de vaisselle, de métier et surtout de têtes. Il n'y a guère que l'Egypte que je ne voudrais pas quitter. Il est vrai que dans ce royaume le volatil l'emporte sur le fixe. Le niveau du fleuve change constamment, à une récolte succède une autre. On n'imagine pas le nombre de rituels différents que nous pratiquons. Quant à notre langue, c'est une perpétuelle source de surprises nécessitant de permanentes adaptations.
Le Grand Thot et le minuscule Khépri affirment : l'intelligence, c'est l'adaptation.
Je me suis adapté à l'humeur changeante de mes supérieurs, à l'affection un peu collante de mes proches. Je suis bien, un peu versatile mais heureux.
Mon père gardait le bétail du temple d'Imn dans les prairies autour de Waset. Toute sa vie, il regarda avec envie les montagnes lointaines en se disant qu'il serait bien de les franchir, d'aller voir de l'autre côté, de marcher dans les wadis du désert, de suivre les falaises, d'être fou de joie en découvrant une source.
Il est mort sans avoir jamais mis les pieds dans les étendues arides du royaume de Seth. Voilà bien un netjer adepte du changement. Il trucide son frérot, casse tout, détruit les vieilles structures, se moque des sages et pousse les enfants à faire des bêtises.
Ce n'est pas un mauvais génie mais un concepteur de choses et de formes inédites. Téméraire, il fonce sur l'obstacle sans perdre de temps à le contourner. Une blessure peut être l'occasion de découvrir la fragilité de notre corps. Quand la douleur cesse, nous retrouvons notre joie de vivre.
Peu m'importe que les dieux aient concocté pour nous des existences absurdes. Je veux seulement sentir l'odeur du pain quand il cuit. Je veux vider des bières avec des inconnus dans une taverne différente chaque nuit. Si un jour j'ai un fils, je l'appellerai Sethi. Je l'éduquerai pour qu'il pose des questions qui ne nécessitent pas de réponses.
Tout est possible quand on est prêt à tout remettre en cause.
Je passe chaque jour un peu de temps à redonner de l'énergie à mon Ka, à apprendre à voler à mon Ba.
Pour rien au monde je ne vous dirai ce que je fais avec mon Khaïbit.
“La chance, c’est la faculté de s’adapter instantanément à l’imprévu.”
j'aimerai proposer la définition de Douglas Hofstater : Nul ne sait où se situe la frontière entre le comportement non intelligent et le comportement intelligent pour la bonne raison qu'il est sans doute ridicule de penser qu'il existe une de séparation nette. l'intelligence alors serait - de synthétiser de nouveaux concepts à partir d'anciens concepts assemblés différemment - de discerner le sens de messages ambigus ou contradictoires - d'établir des distinctions entre des situations malgré les différences qui peuvent les séparer - de trouver des idées nouvelles - de juger de l'importance relative de différents éléments d'une situation - de réagir avec souplesse aux situations qui se présentent - de tirer profit de circonstances fortuites.
Pour ma part, l'absence de…