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L'encens qui rend divin

Donnez-moi de l'encens et de la cire, s'exclamait Nu, fils d'Amenhetep, ces choses bonnes et pures qui produisent la vie.

Papyrus de Nu, chap. CXXX.


Le mot égyptien pour encens est senetjer, qui rend divin, dont le signe déterminatif est une petite cassolette d'où s'échappe une flamme.

L'encens, indissociable du sacré, divinise la matière, rend frère du netjer, son parfum permet de vivre parmi les dieux, de s'élever vers le ciel. On le donne aux statues afin de les rendre vivantes, ce qui permet aux dieux d'en prendre possession. On le brûle lors des rituels dans les temples pour attirer et charmer le dieu et lors des rites funéraires pour vivifier le corps en lui rendant sa moiteur. Lors des rituels, on fumige à quatre reprises en rapport avec les points cardinaux ou 4 Orients. C'est sur la fumée de l'encens que le roi défunt monte vers le ciel et les étoiles. La fumée de l'encens qui s'élève dans les airs est comparée à l'envol du faucon divin. La fumée et le parfum sollicitent autant l'odorat que la vue.




Le roi dit : Prends l'encens qui a été offert sur l'autel comme provenant des mains du dieu, il rend ton parfum suave, il enjolive tes vêtements, il éclaire ton cœur de sa beauté.

Texte de Philae.


Les Kémitiens prétendent que l'encens est originaire du pays de Pount et qu'il établit une analogie entre ce royaume et l'Egypte.

La reine Hatchepsout organisa une expédition au Pays de Pount dont le premier objectif était de ramener des arbres à encens. Nous reparlerons une autre fois de cette mystérieuse expédition lancée à la découverte d'un royaume mythique que les Egyptiens prétendaient être à l'origine de toutes leurs connaissances.


DEDOUN, un dieu nubien très ancien, déjà présent dans les Textes des Pyramides, aurait introduit en Egypte l'usage de l'encens. L'étymologie non égyptienne de son nom reste inconnue. La déesse hippopotame Taoueret serait sa mère. Sa première fonction est de pourvoir l'Egypte des richesses du sud, en particulier des précieuses résines odorantes. Ses temples se trouvent au sud de la deuxième cataracte, à l'exception du temple de Kalabsha au sud d'Aswan.

Il brûle de l'encens lors de la naissance d'un enfant royal.

Il fait partie de cette compagnie de 15 dieux présidée par Thot et que l'on nomme curieusement la petite Ennéade de Karnak.

Il est figuré comme un netjer anthropomorphe sans signe particulier, uniquement différencié par son nom mais on pense qu'il était à l'origine un dieu oiseau s'incarnant dans une hirondelle, une bergeronnette ou encore un rapace. A Deir-el-Bahari, il est figuré en homme hiéracocéphale. Il peut aussi être représenté ave une tête de lion ou sous la forme d'un bélier ce qui l'apparente à Khnoum et à Imn.

Pour Akhnaton, l'encens est la chair d'Itn-Aton.


Dans de nombreux mythes, l'encens est présenté comme venant des larmes des dieux tombées à terre. Hor, Geb, Chou, Tefnout, Rê pleurent et les larmes coulant de leurs yeux descendent jusqu'au sol, germent et produisent les arbres à encens, en particulier l'oliban.



L'encensoir a pour nom shtp, celui qui apaise et rend propice. Sa longueur est d'une coudée. Il a la forme d'un bras dont la main tendue vers le ciel tient une cupule de terre réfractaire où brûle la résine odorante. L'épaule est remplacée par la tête du faucon horien. Il est attribué à Hor et à Thot, netjer des charmes magiques. On dit parfois que l'encens était issu du genou d'Hor. Il permettait de communiquer avec le divin et assurait le passage dans l'au-delà, d'où son usage dans les rites funéraires comme celui de l'Ouverture de la bouche, afin d'être nanti du parfum des dieux.


L'OLIBAN, encens mâle ou encens blanc, issu de diverses espèces de Boswellia qui poussent en Somalie, au Soudan et dans la péninsule arabique, était le plus utilisé par les Egyptiens. Cette gomme-résine de couleur ambre ou jaune clair était associée à Rê. Outre son utilisation rituelle, elle était connue pour ses propriétés cicatrisantes et astringentes et entrait dans la composition des parfums. Elle était préparée dans le laboratoire des temples et pouvait être substituée à toutes les résines ou gommes parfumées. Elle brûle en dégageant une forte odeur balsamique, légèrement fleurie. Comme l'huile de cannabis, elle agit sur les cellules du cerveau et incite à la méditation et à la sérénité.


Les autres "encens" pris en compte par les Egyptiens sont la résine de térébinthe, la myrrhe, le benjoin ou baume styrax.


En alchimie, l'encens est la lumière inextinguible, le troisième état de la Pierre Philosophale. Son odeur est celle de l'Esprit et il est une allégorie de la sagesse, de la Pierre au sortir des multiplications figurées par les grains de l'encens.



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