Une journée sans intensité particulière.
Les hiéroglyphes dormaient dans les rouleaux de papyrus.
Tout était à sa place.
Lenteur et force dans les temples de la ville.
Les dieux, ni tranquilles ni inquiets, pouvaient porter d'autres masques, devenir plus transparents.
Les bruits du quartier faisaient partie du silence.
Les oiseaux ont éventré une grenade.
Nous apprenons à exister dans les corpus funéraires.
Nous accompagnons les voyageurs jusqu'aux limites du possible.
Vivons-nous nos derniers jours de tranquillité ?
L'invisible n'est pas inexistant.
Il suit les courbes du temps cyclique.
On ne sait pas ce que se racontent les enfants quand personne ne les écoute.
D'énormes carpes nagent dans les eaux boueuses du fleuve.
L'odeur de l'eau n'a pas changé depuis des millénaires.
Un hippopotame enragé a saccagé le potager d'un paysan consciencieux.
Min, demain, n'aura pas sa ration de salade.
Le jardinier déposera, pour se faire pardonner, quelques lotus sur des tables d'offrandes.
Les journées se succèdent, on ne voit pas les imperceptibles changements qui annoncent notre disparition.
Aujourd'hui, les scarabées se dirigent vers le sud.
Le roi se réveille, contrarié par un rêve dans lequel un Sphinx refuse de répondre à ses questions.
Sekhmet, à pas feutrés, traverse la grande cour du temple alors que s'amorce la 12e heure de la nuit.
Les scribes de Kemet ne sont pas des gens ordinaires, pas plus que les sculpteurs, les potiers ou les paysans nus qui cueillent des papyrus dans les marécages du Delta.
Je suis revenu pour retrouver un monde qui sublime le Mort pour mieux magnifier le Vif.
Je sursaute car quelqu'un vient de frapper à la porte.
Comments