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JE SUIS UN DIEU


Assise sous un arbre qui plonge ses racines dans le fleuve, soudain elle prit conscience que son bien-aimé était mort alors qu'elle restait une femme bien vivante.

Elle savait que les fantômes n'existent pas et pourtant elle sentait sa présence, l'odeur de sa peau, son regard posé sur elle. Elle voyait sur son torse luire le pectoral d'électrum ouvragé par un artisan de Memphis à la fois mage et forgeron. Le dieu boiteux nourrissait son inspiration, lui suggérait que la beauté peut se manifester ou rester occultée pendant des siècles.


Elle était passée par toutes les phases de la douleur et de la haine. Il lui semblait qu'elle ne pourrait plus aimer personne. L'amour et la souffrance sur l'une et l'autre rive du fleuve. L'absurdité d'une vie fauchée en pleine course. Le jeune dieu, prince de Kemet, ne croyait pas en l'existence du mal , à la formidable puissance des forces antagonistes, à la perversité des sentiments fraternels contaminés par la bêtise et la jalousie.


Il marchait sur les eaux et les pêcheurs trouvaient cela normal. Sous la forme d'une milane, elle volait pour faire monter la sève dans les arbres et la semence des hommes.

Comme ils s'attardaient dans le jardin, il lui avait murmuré à l'oreille : Je suis un dieu, toi seul connaît mon nom secret. Si je viens à disparaître, tu m'appelleras, je reviendrai.



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