An 5 du règne d'Amenhotep II.
Je marche avec un collègue de bureau dans la campagne memphite. A l'horizon, au-dessus du désert, se dresse une pyramide à degrés.
Il me demande :
- Quel est le nom de cette pyramide ?
- Je ne sais pas.
- Qui en est l'architecte ?
- Je n'en sais rien.
- Elle date de quel règne ?
- Je ne sais pas.
Nous cherchons le temple de Ptah, un dieu forgeron coiffé d'un bonnet en cuir bleu pour protéger ses cheveux de l'ardeur des flammes.
Chemin faisant, les questions fusent :
- Cet arbre a une allure peu commune. Le connais-tu ?
- Non.
- Ne serait-ce pas un arbre fruitier ?
- Aucune idée.
- A quelle distance sommes-nous du fleuve ?
- Je n'en sais rien.
- On m'a dit que le Premier Prophète de Ptah portait le titre de Le plus grand des artisans.
Comment s'adresser à lui quand nous le rencontrerons ?
- Je n'en ai pas la moindre idée.
- J'espère qu'il donnera une réponse favorable à notre requête.
- Impossible à savoir.
- Depuis quand exerces-tu le métier d'arpenteur ?
- Je ne me rappelle plus.
- Je te trouve bizarre aujourd'hui. Serais-tu malade ?
- Je n'en sais rien.
Soudain, au-dessus d'un bosquet de palmiers surgissent deux pylônes d'un blanc étincelant. Des oriflammes aux couleurs vives flottent au vent.
- Je crois que le dieu est dans son temple quand ses drapeaux sont déployés.
- Si tu le sais, je ne vois pas pourquoi tu me le demandes !
- Et bien, tu ne fais pas beaucoup d'efforts pour être aimable. Tu commences à me taper sur les nerfs. On dirait un idiot qui n'est jamais sorti de sa tanière.
- C'est faux, je sais tout mais je ne dirai rien.
- Pourquoi ?
- Parce que mes réponses aussi te taperaient sur les nerfs.
Entre les deux pylônes, la lourde porte à deux battants est fermée.
Un gardien armé et à l'air peu aimable nous barre la route.
- Halte ! On ne passe pas.
- Nous avons rendez-vous avec le Premier Prophète du dieu. Nous sommes bien devant le temple de Ptah ?
Le gardien répond sur un ton péremptoire : Je ne sais pas.
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