Voici une image rare du Loup INPOU.
Elle se trouve au musée de Berlin, peinte sur une toile funéraire d'époque romaine et de provenance inconnue. Ce pourrait être un site du Fayoum.
Inpou est en train de faire cuire les ingrédients destinés à l'élaboration d'un parfum ou d'une substance parfumée.
Inpou est un netjer industrieux dont on a du mal à cerner tous les pouvoirs et toutes les qualités.
Mais ne pourrait-on pas dire la même chose de la plupart des dieux de Kemet.
Le voici donc en distillateur de quintessence, ce qui le place dans la sphère de l'Alchimie.
Avec une louche, il touille le contenu d'un chaudron placé sur un four de briques d'où s'échappent des flammes. La main gauche levée au-dessus du récipient fait le geste de la magnétisation.
De l'autre côté de la scène, un opérateur verse un liquide contenu dans un vase ou une outre.
On connaît l'importance des parfums dans le monde égyptien, célébré dans l'Antiquité comme la patrie des substances aromatiques. Nous aurons l'occasion d'y revenir.
La capitale des parfums était la cité sacerdotale de Mendès dans le delta, une fondation des Pountites.
Comme beaucoup d'aspects du Double Royaume, les parfums et les secrets bien gardés de leur fabrication sont originaires du Pays de Pount.
Ils étaient élaborés dans des laboratoires établis à l'intérieur des enceintes sacrées, par des parfumeurs appartenant au clergé d'Inpou et d'un autre dieu "parfumeur" nommé SHEZMOU, le balsamaire.
Ce Seigneur des parfums, cuiseur d'onguents, distillateur, est un Pountite souvent associé à Hathor dont il est sans doute le premier parèdre.
Le rôle des parfums en Egypte est de vitaliser le BA des dieux : Oiseau parfum qui monte dans le ciel comme la fumée de l'encens.
Notre mot parfum vient du latin per fumum, à l'aide de la fumée.
Dans les rites d'embaumement les onguents, considérés comme de véritables émanations divines, jouent aussi ce rôle de travail sur le BA et le KA des défunts.
Pour le Ka, on utilise en particulier la résine de térébinthe.
On peut parler d'une véritable théologie des parfums. Chaque netjer possède le sien : le styrax est, par exemple, le parfum d'Hathor et d'Hor, la myrrhe celui d'Aset et des déesses lionnes.
Le rituel du matin consiste à réveiller le dieu, à le sortir de l'engourdissement des 12 heures de la nuit en pratiquant sur sa statue des onctions rituelles.
Sur les tables d'offrandes, la présence de fleurs est un indice de l'élaboration des parfums rituels.
Tous les produits parfumés obtenus par pression, cuisson, concentration et réduction portent le nom de NWD ou NWDT.
Leur composition reste secrète, en particulier en ce qui concerne les ingrédients et leurs dosages.
Il est certain qu'il s'agissait d'un mélange complexe de graisse, de résines, de gommes, d'huiles, d'écorces, de fleurs, de fruits, de baies, de plantes aromatiques, de miel, de vin et d'autres substances difficiles à identifier malgré des recherches poussées qui se poursuivent aujourd'hui.
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