INPOU sait se tenir dans les angles morts qu'on ne distingue qu'en tournant brusquement la tête. L'angle mort est celui de la sagesse immobile. Attendre son maître est la principale occupation des canidés domestiques. Attendre et espérer jusqu'à l'épuisement.
Qui est le maître d'Inpou-Anubis ? Aset, Ousir ou quelque autre divinité des lumières intermédiaires ?
Est-il un chien, un loup ou une créature fantasmagorique tapie derrière les portes d'un cénotaphe, derrière ce que nous ne sommes pas encore ?
Près de lui, je suis moins seul quand je traverse les plans les plus dévastés de mon existence. Inpou-Louveteau, délicat compagnon de voyage jusqu'aux confins de l'envisageable. Tantôt il me suit, tantôt il me précède. Je me laisse envahir par l'émotion et la reconnaissance. Tant de désirs, tant de peurs abandonnées en chemin mais aussi la fin des atermoiements, des inadvertances.
Quand il court dans la nécropole, ses pattes ne soulèvent pas la poussière, il est juste au-dessus du sol, on ne l'entend pas venir.
Le monde ne s'écroule pas autour de lui, il se volatilise, il nous volatilise. Dans de rares icônes, il est figuré avec une paire d'ailes sur le dos.
Le Loup m'investit quand je m'endors. Il m'escorte jusqu'au bout de la nuit, il m'encourage à sauter dans le vide, à ne pas contourner les zones dangereuses et ces petits riens qui sont autant d'obstacles.
Je l'ai croisé une dernière fois en Abydos, juste avant que ne disparaisse tout ce que j'aimais. Il m'avoua qu'il détenait un secret qui aurait pu me sauver si j'étais arrivé quelques siècles plus tôt.
Il ajouta : Je ne suis pas sûr que tu aies bien compris ce que je viens de te dire.
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