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DEUX VAUTOURS



Le hiéroglyphe du Vautour peut se traduire par Mère, Mort, perception, frontière, année, ciel, pitié, protection, crainte et prescience. Le hiéroglyphe de la tête coupée du vautour est le mot terreur.

Ce rapace diurne de grande taille, doué d'une vue et d'une ouïe perçante, de la famille des vulturidés, reconnaissable à son cou dénudé, ne tue pas de proie vivante mais se repait de cadavres et de détritus abandonnés par les autres animaux.

Il fascine par la virtuosité de ses accélérations, la grâce de ses évolutions aériennes et l'altitude vertigineuse de son vol.

Pline, dans son Histoire Naturelle, prétend que la tête du vautour recèle une pierre magique, véritable talisman de félicité garantissant de toute maladie.


En Alchimie, il est un des noms du Mercure philosophal qui dissout le Fixe.

Dans l'icône XLIII de l'Atalanta Fugiens de Michael Maier, l'oiseau perché sur une montagne est sur le point de tuer un corbeau marquant la fin de la Nigredo ou Œuvre au noir.

Il se nourrit de charogne qu'il transforme en force vitale et assure le renouveau.

Il symbolise le cycle de la vie et de la mort dans une transmutation perpétuelle.


Sachez donc vous autres inquisiteurs des bruits secrets et fils des sages, que le vautour qui est au-dessus de la montagne crie à haute voix : je suis le blanc du noir et le rouge du blanc, le citrin du rouge et certainement, je suis véritable et sachez que le chef de l'œuvre est le corbeau qui, en la noirceur de la nuit et la clarté du jour vole sans ailes, la coloration le tire de l'amertume qui est la gorge, de la rougeur de son corps et de son dos on tire une vraye eau. Les 7 chapitres d'Hermès Trismégiste.


Pour les Egyptiens, le vautour est un oiseau sacré symbole du dévouement maternel, de la générosité et de la purification.

Les relations entre Vautour et Grande Déesse Mère sont fréquentes en Egypte et un peu partout dans le monde.

L'ancien musée d'Alexandrie possède la statue très ancienne d'une divinité qui tomba de son socle et se brisa. De ses seins d'argile s'échappèrent des becs de vautour.

Le vautour joue encore le rôle de la divinité du destin en discernant la mort et la vie dont il est le messager.


NEKHBET


Cet oiseau en lequel s'incarne la déesse NEKHBET est un puissant vautour fauve, Gyps fulvus, la maîtresse par excellence de Haute Egypte, originaire de la cité shemsou de Nekhen - El Kab - près d'Edfou.

Le nom Nekhbet signifie Celle de Nekhen.

Dans cette ville, la déesse est associée à Hathor, dame des portes et à Sobek le très violent.




Elle est figurée par un vautour mais aussi par une vache sauvage, un serpent ailé, une lionne ou encore par une femme à tête de vautour ou coiffée de la dépouille du rapace.


Protectrice de la monarchie pharaonique, crachant le feu, elle se dresse au front du roi en compagnie de la déesse serpent Wadjet, maîtresse de la Basse Egypte.

L'alliance du serpent et de l'oiseau est l'emblème héraldique des anciennes monarchies chamaniques.

C'est elle que l'on peut voir étendant ses ailes immenses sur les plafonds des temples, dans la travée centrale.


A Nekhen, elle est considérée comme un démiurge ayant, comme Neith, créé le cosmos au moyen de 7 paroles initiales.

Elle n'a pas de parèdre ni d'enfant mais le roi est tenu pour son fils mystique. Elle protège le souverain contre les maladies et les dangers. Par ailleurs, elle veille sur ses couronnes et particulièrement sur la mitre blanche du Sud.

En tant que mère, elle assure la transmission du pouvoir royal.

Dans sa titulature , le roi porte un nom dit des 2 Maîtresses, soit Nekhbet et Wadjet.



MOUT


Le vocable MOUT signifie à la fois Mère et Mort.

A l'époque prédynastique, il signifiait simplement vautour.

On ne sait rien sur ses origines mais il semble bien qu'elle fut d'abord une divinité androgyne à la fois père et mère, un père qui se manifeste en tant que mère pour créer tout ce qui est.




Il n'est pas toujours évident de la différencier de Nekhbet.

Elle est une des multiples apparences des grandes divinités comme Aset, Hathor, Bastet ou Sekhmet.

Ici, sous le nom d'AMONET, elle n'est pas seulement une parèdre grammaticale mais la polarité féminine du divin qui ne craint pas l'ardeur du rayonnement solaire. Mout n'est-elle pas la fille de Rê.


Les reines de Kemet portent sur la tête une dépouille de vautour qui souligne leur qualité de mère royale transmettant le pouvoir royal.

Au-dessus de la dépouille Mout, elles portent parfois la double couronne ou Pschent.




A Karnak, elle forme une triade divine avec IMN-AMON et l'enfant-dieu KHONSOU.

C'est une déesse-mère qui protège les femmes en couches et les enfants.

On dit aussi qu'elle est la mère du roi qu'elle nourrit de son lait.

Elle mit au monde la mystérieuse Ennéade de Karnak, curieusement composée de 14 divinités.


Son temple, situé au sud du téménos amonien, est organisé autour d'un étrange lac, l'ICHEROU, en forme de foetus, creusé par les dieux primordiaux, autour duquel le Fils de Hapou fit installer 574 statues de Mout sous la forme d'une lionne. Dans une crypte sous ce lac, les mystes venaient faire l'expérience de la mort sous l'égide de la Maîtresse des gémissements et des cris d'épouvante.





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