Les Egyptiens donnent un sens mystérieux aux qualités des animaux.
Plutarque.
Les Egyptiens étaient de fins observateurs de la nature et de leur environnement. Ils observèrent attentivement ceux qui leur étaient familiers et vivaient avec eux et ceux qui évoluaient à l'état sauvage dans la Vallée du Nil ou les immenses déserts de part et d'autre du fleuve.
Le choix d'un animal comme symbole est en Egypte, guidé par une profonde connaissance de la vie de cet animal, de ses caractéristiques vitales, de ses mœurs, de son assimilation, de la durée de sa gestation, de son accouplement... dit Schwaller de Lubicz.
Les animaux sont partout, dans l'art, la religion, la symbolique, la pensée, les mythes, les écrits comme les contes et les fables. Ils sont conçus comme des partenaires de l'humain dans la création.
L'art égyptien est parvenu comme nul autre à rendre au moyen des animaux l'insondable mystère du divin.
Comme les plantes, les arbres, les minéraux, les éléments géographiques, ils sont dotés de pouvoirs divins car l'amour et la sollicitude des divinités s'étendent à tout ce qui existe.
Dans la langue égyptienne, on trouve environ 180 hiéroglyphes d'animal ou de parties d'animal sur un total de 800 signes.
Dans ce riche répertoire, on rencontre des bovins, des ovins, des porcs, des loups, des chiens, des gazelles, des oiseaux, des singes, des girafes, des crocodiles, des reptiles, des poissons, des batraciens, des hippopotames, des rhinocéros, des insectes, des félins comme les chats, les panthères, les lions ainsi que des animaux hybrides ou fantastiques.
L'animal ne se laisse pas réduire à une valeur symbolique simple mais incarne tout un monde de significations, l'incarnation du visible dans l'invisible.
Dans les corpus funéraires, le défunt a la possibilité de se métamorphoser en n'importe quel animal. Ici, pas de séparation entre l'animal et l'homme qui peut se transformer en oiseau, en mammifère, en serpent ou encore en insecte comme le scarabée Khépri.
Le voyage du défunt va dans le sens d'une fraternité retrouvée avec le cosmos comme avec l'animal, souvent en lien plus direct avec les divinités.
Comme les humains, l'animal est destiné à se transformer en Osiris et à revivre pour l'éternité, ce qui justifie la momification de certaines espèces inhumées dans de splendides nécropoles. Ainsi furent embaumés en grand nombre des chats, des faucons, des serpents, des lézards, des ichneumons, des crocodiles, des poissons. Ces derniers figurent les pèlerins qui nagent dans le fleuve pour gagner la ville sainte d'Abydos.
Seth est le netjer des animaux fantastiques sous le nom de Che. Ces créatures composites un peu inquiétantes hantent les désert, les espaces sauvages et les murs des tombes comme celles de la nécropole de Béni-Hassan. Ils évoluent en marge de la création lumineuse et ordonnée de Rê. Leur mission est moins de faire peur que d'initier une réflexion sur l'étrangeté de l'univers, des formes inédites de vie dans l'invisible et sur l'acceptation de l'autre, du différent dans toute sa diversité. Tout a sa place dans le monde, même ce qui se situe sur les franges de ce que l'on connaît ou peut imaginer.
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