Les multiples digressions finissent par faire ressembler ce livre à un échangeur d'autoroutes à la sortie de Los Angeles. De quoi décourager le lecteur le plus consciencieux. Il serait coton d'en tirer le scénario d'un film d'action bien pétaradant.
Cette Vache risque de taper sur les nerfs de tout le monde. Peut-on se fier à quelqu'un qui a le vertige quand il aperçoit la Terre depuis le ciel ?
Il est délicat d'écrire un commentaire sur un texte dont on n'a pas compris une trame de toute évidence mythico - ésotérique.
Ce n'est pas un livre facile, disaient déjà les scribes de l'époque du roi Horemheb mais son côté obscur le rend fascinant. Il passera à la postérité car tout un chacun aime les vaches qui, depuis la Préhistoire, sont l'image de la Grande Mère céleste au milieu de la Voie lactée, avec le Soleil entre les cornes et les yeux fardés façon Oudjat. On trouve cet animal sacré émouvant, attendrissant, voire érotique.
L'avantage des bons mythes est qu'ils vieillissent bien, même s'il n'est pas facile de traduire en japonais un texte en hiéroglyphes. La vache du ciel serait un bon sujet pour les animations d'Hayao Miyazaki. Une vache qui brouterait des fleurs en compagnie d'une petite fille au pied d'un volcan endormi.
On ne peut taxer les Egyptiens de farceurs, même s'ils écrivaient pour s'amuser tout en sachant que, plus tard, on ne les prendrait pas toujours au sérieux quand la pseudo - logique des Grecs aurait fini par s'imposer. En Arcadie, on préfère les chèvres aux vaches et les satyres aux divinités ahurissantes des Kémitiens.
Les détracteurs dénigrent ce mythe, considéré comme un bric-à-brac métaphysique délibérément fractal. Dans le monde, chaque réédition fut l'occasion de nombreuses controverses. Pour mieux faire passer la pilule, on a tenté de l'attribuer à Stephen King ou P.K.Dick. Certainement pas à Lovecraft qui fait peur aux enfants, aux mamies et aux abonnés de Disney Channel.
C'est très mal écrit, affirment des critiques qui n'ont jamais déchiffré un hiéroglyphe, plus d'imagination que de style, à classer dans l'Heroïc Fantasy et non dans une littérature digne d'un Prix Nobel.
Ce que personne n'ose dire est que le rédacteur du texte l'avait écrit entre deux lignes de coke après avoir brouté sa natte de papyrus, ce qui le rend en fait très contemporain.
Pour ajouter à la confusion, il existe des versions pirates plus délirantes encore que l'original. Elles sont repérables car le traitement de texte est loin d'avoir l'élégance et la souplesse d'un calame faisant onduler les hiéroglyphes.
Dans les hôtels avec piscine à débordement, on ne lit pas le Livre de la Vache du ciel. Quand on est oisif et illettré, on a mieux à faire que de s'épuiser à comprendre un texte aussi surprenant.
J'ai posé le rouleau sur ma table de chevet. Je me suis endormi, j'ai rêvé que j'étais le jeune veau de la Vache céleste. A mon réveil, le rouleau avait disparu.
Le directeur de l'IFAO, à l'époque où il était marié avec Adèle Blanc sec , affirme qu'il n'a jamais entendu parler de ce livre. Selon les librairies, on classe cet ouvrage dans le rayon spiritualité, développement personnel ou encore médecine alternative.
Le succès de la dernière édition fut mitigé car les lectrices n'arrivèrent pas à s'identifier à une vache.
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