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BLACK KEMET

Je me fiche que l'Egypte soit noire ou blanche, il me suffit qu'elle soit pharaonique.

Depuis quelque temps, certains égyptologues, surtout Africains, insistent sur l'appartenance de l'Egypte au monde noir. C'est indéniable, l'Egypte est bien sur le continent noir mais dans sa partie blanche et on ne peut pas prétendre que le roi Khéops était un noir ou que le grand Sphinx de Guiza présente des traits négroïdes.

Noir et blanc véhiculent des notions de race et par extension de racisme. Rien de pire que ce distinguo basé sur une couleur de peau. Il y a des Blancs exécrables et des Noirs géniaux, des Noirs méchants et de bons Blancs. La seule pigmentation de l'épiderme ne fait de personne un crétin ou un génie. Tous les chats noirs sont choupinets mais les plus beaux sont les blancs et noirs. Au nom de la race ont été perpétré les pires crimes de l'Histoire, le nazisme, l'apartheid et autres génocides récents car, au fond, l'humain est naturellement raciste et aime persécuter un plus foncé, un plus bridé, un plus petit, un différent, un minoritaire, un étranger qui ne lui ressemble pas.


Comme nous ne sommes pas disposés à supporter l'inacceptable, abandonnons ce thème monstrueux pour revenir à l'Egypte.



Voici son nom en hiéroglyphes km.t : L'appendice caudal ou le bout de la patte d'un crocodile ou un morceau de charbon pou KM, une chouette pour le M, un pain pour le T et le déterminatif d'un cercle avec un croisement qui désigne un lieu. Il est vrai que le crocodile est un des animaux emblématiques des rives du Nil. Le mot désigne la couleur sombre du limon fertile et gorgé d'eau qui se dépose sur les berges du fleuve au moment de la crue. La racine du mot se retrouve dans des verbes comme servir à, profiter. Les Egyptiens eux-mêmes ont donc appelé leur pays : la Terre noire. Ils le nomment aujourd'hui MISR, un mot arabe dont la racine signifie contrée, territoire. Nous avons expliqué ailleurs l'origine grecque du terme Egypte. Kemet, la terre aussi foncée que la prunelle de l'œil, écrit Plutarque.

Pour les plus avertis, précisons que Kemet, en arabe Al Kymia, est encore à l'origine du mot CHEMIA dont dérive ALCHIMIE dans la langue des Adeptes à la recherche d'une Materia Prima plus noire que le Noir.


Mais qui étaient vraiment les habitants de cette noire contrée ? Ni Noirs, ni Sémites , ni Libyens mais Nilotiques, installés là depuis au moins le Néolithique, quand les chasseurs du Paléolithique se sédentarisèrent pour devenir des paysans qui, pour se différencier des peuples nomades des déserts et des montagnes se nommèrent Remiou Kémi, les Hommes de la terre noire. Ces populations, dans l'ensemble paisibles, redoutaient les agressions, les raids des étrangers qu'ils nommèrent vils Asiatess, vils Libyens, vils Bédouins ou vils Koushites pour désigner les populations noires installées au sud de l'Egypte.

Bien sûr les choses sont plus complexes et de nombreux métissages ont dû se produire pendant les quelques millénaires précédant l'époque pharaonique. Quand on examine la statuaire de cette époque, on constate de sérieuses différences "raciales" entre les Egyptiens, depuis les robustes habitants de l'Ancien Empire jusqu'à ceux, plus graciles, du Nouvel Empire. Cette histoire du peuplement de la vallée du Nil reste en grande partie à écrire...


Une précision : l'esclavage tel que nous l'entendons n'a jamais existé en Egypte, à l'inverse de la plupart des pays de l'Antiquité. Tout au plus trouvait-on, surtout à partir du Nouvel Empire, quand Kemet fut attaquée par ses voisins, des prisonniers de guerre astreints temporairement par l'Etat à des travaux obligatoires puis libérés pour parfois occuper des fonctions aussi prestigieuses que scribe royal ou vizir.


Au tournant de l'An-Mil, l'Egypte entre dans une période de turbulence et les attaques extérieures se multiplient. Depuis longtemps s'étaient formés, dans l'actuel nord du Soudan, des royaumes dirigés par des souverains noirs très égyptianisés, souvent fidèles de l'IMN de Karnak. Au 8e siècle avant notre ère, ils entreprennent la conquête de Kemet qu'ils vont diriger judicieusement pendant une centaine d'années en adoptant tout le protocole pharaonique. Ils ont pour nom Piye, Piankhe, Shabaka, Taharqa... et arborent sur le front deux cobras royaux. On peut alors parler de pharaons noirs qui nous ont légué une statuaire admirable. Leur règne prendra fin avec la première invasion des Perses. Ils se replient alors au Soudan.


Nous ne pouvons quitter l'Egypte noire sans parler brièvement du plus étrange des 9 Constituants de l'être, le KHAÏBIT, figuré par une silhouette sombre représentant un état d'existence infra-humain en liaison avec les forces telluriques. Cette partie cachée de nous-même suscite des rêves à méandres nous permettant de voyager et de quitter le monde des vivants pour explorer nos énigmes et les profondeurs de notre psychisme.

Pour les Egyptiens, le Khaïbit ou Ombre, toujours protecteur et bénéfique, nous permet de gérer au mieux notre destin ici-bas et post-mortem.

Pensez à rester dans l'Ombre des dieux, usez du Khaïbit pour investir votre propre et unique énigme.



Celui qui avait été reçu aux Mystères de l'Antiquité murmurait : J'ai été noirci par Aset la Vierge Noire.

1 Comment


guy.udriot
Jun 14, 2021

Voyager en Egypte - Kemet sans entrouvrir la porte de l'alchimie viendrait à une absence de conscience, tout au moins, à un manque de curiosité.

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