Au bord du canal sinueux

Thot, tiens-toi auprès de moi chaque matin.

Donne-moi la douceur d'être dans dans ta cité de Khemenou.

Guéris-moi de ce qui ronge mon intelligence

et me fait briser le rythme de ta voix.

Rends-moi volatil dans l'essentialité intelligente.

Fils d'Aset qui est ta fille.

Ton dynamisme irrigue ma raison.

Ton amour peut me rendre pur.

Trois fois très grand.

Cœur de Râ.

Langue de Ptah-Tatenem.

Esprit qui préside aux Mystères,

fais-moi contempler ta coudée

et travailler dans le champ des étoiles à l'heure de la rosée.

Ramène-moi au centre,

ce territoire sans limite où règne un silence de sable.

Je désire être semblable à toi,

naviguer sur ta barque que nul écueil ne peut faire chavirer.

Illumine mon obscur chemin

et les voies d'eau, d'air et de feu

où tu m'as entraîné.

Je suis maintenant silencieux,

au centre de moi, non échauffé de paroles inutiles.

Je suis avec toi au pied du palmier doum.,

dans l'ombre qui geste ta lumière.

Je t'attends au bord du canal sinueux.

Je n'emporte rien des tourments d'autrefois.

Ne décris pas les dieux, ne dessine pas les courants qui mènent sur l'autre rive.

N'inscris pas mon destin sur un rouleau.

Scelle seulement mes lèvres avec un doigt sur la bouche.

Je suis Hor Nefer, ton enfant assis près de la fontaine,

entre la terre et le ciel,

entre toi et moi,

fragile jusqu'à la fracture extrême.

Plus nefer à chaque goutte qui s'écoule dans la clepsydre.

Ne prononce plus mon nom.

Je t'attendrai à l'Occident,

au bord du canal sinueux.