Avec Djéhouyty-Thot, on ne parle pas pour ne rien dire.
Le discours reste à la fois sauvage et civilisé.
L'odeur de l'encre est le plus délicat des parfums.
Se tenir à distance ne signifie pas qu'on redoute de toucher le dieu
Thot prit tout son temps avant d'accepter la fréquentation des hommes.
Le scribe quitte le monde quand il n'a plus de dents pour mâchonner son calame.
Au terme de sa vie, il ne sait pas grand chose.
Il a oublié ce qu'il avait appris.
Les affaires des humains ne le concernent plus.
De l'Ibis ou du Cynocéphale, lequel privilégier ?
J'étais sur le point de vous révéler le REN secret de Djéhouty.
Pour lui, les profanateurs sont passibles de la mort spirituelle.
Cette seconde mort ferme toutes les portes, à moins que l'insouciance devienne la seule alternative.
J'ai osé prendre Thot pour modèle, un projet ambitieux qui m'a conduit à la béatitude.
J'ai demandé à Thot de me guérir. Il m'a répondu qu'il ne s'occupait pas des blessures bénignes. Son petit serviteur qui le suit, le calame en main, m'a dit : Le maître est parti à la fontaine, il n'est pas près de revenir.
Tu as plus de chance de le croiser sur les chemins si tu es capable de maintenir la radiance de ton AKH.
Je pensais que Thot m'aiderait à résoudre mes problèmes.
J'aurais dû choisir un mentor moins fantasque, moins lunaire, plus charitable.
J'aurais dû fuir son génie provocateur.
Le quotidien n'est banal que pour les copistes ternes qui évitent les signes difficiles à tracer.
J'ai mis au point des stratégies pour contourner les obstacles dressés par Djéhouty.
J'ai accepté qu'il n'aborde que des sujets inclassables, trop compliqués ou trop anodins pour être honnêtes.
J'étais nonchalant quand il me poussait à choisir entre deux hiéroglyphes, deux lectures, deux chemins.
Pourtant le dieu trouvait que je n'étais pas assez d'humeur oisive.
Quand il est dans les parages, je reste sur le qui-vive.
Je sens bien que ce n'est pas le moment de faiblir, de fléchir, de pleurnicher.
Thot est un dieu ingénieux, aux pensées qui bifurquent, celles qui ne mènent nulle part, celles qui permettent de briser les scellés de la routine.
Le Maître des signes n'est pas joignable tôt le matin, en début d'après-midi, au crépuscule.
Il change toutes les nuits de chambre pour rester introuvable.
Certains se demandent s'il lui arrive encore de résider à Kemet.
Il se peut qu'il ai suivi les oiseaux migrateurs en emportant les archives les plus rares du Double Royaume.
Avec lui, nous ne méditons pas sur des choses graves, nous ne commentons pas les genèses, les cosmogonies, nous traquons les meilleurs moyens de faire un jour heureux tout en laissant l'étrange rôder autour de nous, en accomplissant notre œuvre avec une apparente désinvolture.
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