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LE TOMBEAU DU FILS DE HAPOU

  • scakhepri
  • 18 mai
  • 2 min de lecture

Houy savait qu'il était l'héritier d'une longue lignée de sages œuvrant depuis des siècles sur les rives du fleuve, rarement en pleine lumière mais jamais très longtemps dans l'ombre.

Il est mort depuis des siècles mais quand je pense à lui, j'éprouve un immense soulagement, je ne me laisse plus abuser par des choses imprégnées d'une vie factice.


Parfois j'ai été impertinent avec lui en débitant des inepties. Il ne m'en a pas tenu rigueur en précisant qu'il était bon de s'opposer à son mentor, de l'envisager comme une idole fragile, un radoteur, un enfonceur de portes ouvertes.


Il insistait sur le fait que rien dans le temple ne peut rester superficiel. Dans le temple, c'est-à-dire dans la sphère du sacré, un domaine facile à circonscrire, surtout s'il est peuplé de statues en pierres dures à la perfection sidérante.


Sur ses conseils, j'ai cherché dans le couloir mystérieux la pierre qui me mettrait en correspondance avec le temple. Houy m'avait suggéré qu'elle était d'une nature particulière et peut-être dans une autre partie du monument : dans le mur du naos, dans une pierre d'angle, sur un seuil ou dans la mémoire du maître d'Oeuvre lui ayant trouvé une place provisoire. Demain, elle aura changé de nature et de place. Il sera plus difficile encore de la localiser. La maison divine, plongée dans le silence, semble morte alors qu'elle est plus vivante chaque nuit.



HOUY : Après ma mort, je t'attendrai sur un lieu de passage où il est déconseillé de stationner. Un lieu de bascule où l'on prend des décisions vertigineuses, hier encore inenvisageables.

Le monde dans une fleur déposée par une paysanne sur une table d'offrandes de la déesse. La reine de Kemet offre quelques épis de blé, le scribe verse trois gouttes d'eau sur le sol, le shemsou se garde bien de faire couler le sang dans une demeure divine.


Je connais l'emplacement de la tombe du Fils, creusée à l'intérieur d'une montagne tabulaire. Je tourne autour mais je ne cherche pas à l'investir. Je la contemple les nuits de pleine lune. Je la regarde disparaître dans une tempête de sable alimentée par les cendres du Benou.


Je ne sais plus si Houy est mon maître ou mon disciple, si je pourrai continuer à prendre mes repas avec lui pour bénéficier de ses connaissances.

Tout est juste seulement à un moment donné.

 
 
 

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