L'ATALANTE FUGITIVE ou l'art de la marginalité.
- scakhepri
- 24 juin
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Houy lui apprit à regarder le monde autrement. Pas de temps en temps ou un jour sur deux mais en permanence. Il lui conseilla de ne jamais faire ce qu'on attendait de lui. Kemet est une contrée qui digère les mirages, les incongruités, les éléments du cosmos qui passent à sa portée. Les astronomes de Sa Majesté ne se bornent pas à expliquer les phénomènes célestes, ils les intègrent à la bonne marche du royaume, aux rouages essentiels de la théocratie.
La 3e année de son règne, Amenhotep IV constata que certaines structures du royaume étaient soigneusement verrouillées et bloquaient le moindre changement. Bouleverser ce système était la seule alternative pour provoquer la naissance d'une lumière inédite, d'une nouvelle conscience.

Etait-il possible d'avancer sans tomber ? Etait-il envisageable de revenir en arrière ? Qui est le dieu des dénouements surprenants ou celui qui incite aux choix les plus risqués ? Le roi et la reine s'engouffrèrent dans la brèche ouverte par l'Art. Devenus frère et sœur, souverains androgynes, ils marchèrent en se tenant pas la main. Ils allaient à la rencontre d'autre chose qu'un royaume qui n'existait qu'à contre-jour et multipliait les aliénations.
Le roi demanda à Houy : comment pouvons-nous parvenir à ce que nous sommes vraiment ?
De bien des manières mais le plus lentement possible sans négliger les zones d'ombre et la radiance de l'or en fusion dans le creuset, en compagnie du Khaïbit.
L'art amarnien propose des visions d'une rare virtuosité ne supportant pas les défaillances. Il n'est pas extravagant mais offre une infinité d'alternatives, de beautés fugitives. Il conduit à la forme la plus productive de la marginalité.
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