Je me demande ce que je vais devenir une fois que je sortirai du temple puis, un peu plus tard, de ma tombe.
Certaines statues de Bouddha me font penser à Amenhotep Fils de Hapou : intensité immobile, sourire intérieur, air satisfait de celui qui ne s'est pas laissé prendre.
Ne restez pas chez vous un jour de pluie, dit Houy, sortez pour vous ébattre et danser. Chez nous la pluie, si rare, est un cadeau de Min, le netjer des orages.
Le moine de la Thébaïde n'en peut plus de son existence de privation dans un désert qui n'est même pas beau. Ce qui le gêne le plus : la barbe négligée, les cheveux longs et sales, considérés par les Egyptiens de la grande époque comme vulgaires. Il rêve d'un coiffeur, d'un barbier et d'un dieu qui n'accepte que des nourritures raffinées.
Le jour où le Supérieur du temple de Montou s'éteignit, les prêtres se lancèrent dans une joyeuse nouba. Ils étaient épuisés par l'austérité et l'intransigeance qu'il imposait à tous. Ils furent ébahis quand le thérapeute leur apprit qu'il était mort d'indigestion et d'une maladie vénérienne incurable.
Il nous avait appris à entrer en contact avec les fluides les plus subtils. Il nous enseigna à combattre l'acédie, à ne pas prendre à rebrousse poil les chats de Bastet. Il nous enseigna à plonger dans le Vide. Pas un de nous n'en revint.
Je croyais tout savoir sur ma petite personne. J'ai déchanté quand j'ai croisé mon regard dans le Miroir de la belle Hathor.
Je tiens pour arrogants les gens qui me trouvent antipathique. Moi je trouve déplaisants ceux qui font des efforts pour se rendre aimables mais sont capables de vous planter un couteau dans le dos pendant que vous êtes en prière, ce que firent il y a quelques années des épouses de pieux musulmans.
Un conseil : priez moins et n'oubliez pas de surveiller vos arrières.
La prêtresse d'IMN se posait en modèle d'excellence, avait un avis sur tout : l'aménagement des espaces de vie, l'éducation des enfants, les soins à donner aux malades, le truc pour enlever les taches sur les pagnes de lin blanc. Ses conseils incessants avaient fini par exaspérer toutes ses compagnes.
Elle s'était trouvé un titre sacerdotal ronflant : Divine Adoratrice d'IMN.
A force de pratiquer le service divin, j'ai du mal à me montrer tolérant et scrupuleux. Je dérobe parfois un lotus sur les tables d'offrandes pour l'offrir à une belle prêtresse, j'omets de réciter les incantations magiques qui protègent le Netjer, je somnole pendant les rituels, je ne dis pas à mon épouse ce que je fais quand je rentre très tard.
Mes collègues me citent en exemple. Mes jeunes recrues me considèrent comme un sage toujours de bon conseil.
Ce qui me plait avec les Serviteurs des dieux est qu'ils ne parlent jamais de religion mais plutôt d'un remède pour faire passer les verrues, de la chaleur accablante les jours précédant la crue, de gens insignifiants à la piété douteuse.
Les prêtres de Min vendent des baumes stimulant les pénis récalcitrants, ceux de Thot des techniques de méditation sans effort qui évitent les érections intempestives dans le temple.
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