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Une fragmentation du réel


Douzième heure de la nuit dans la montagne thébaine.

- Qui es-tu ?

- Je suis un enfant-loup à la limite de son territoire de chasse.

- Tu es Inpou ?

- Il serait plus approprié de soutenir que je suis un dieu-loup, un netjer à quatre pattes, à l'odorat infaillible. As-tu peur de moi ? Me considères-tu comme un monstre ?

- Je ne suis guère rassuré car je sais que tu voyages entre les lignes, entre le royaume des vivants et celui des morts.

- Tu tiens pour dangereux les êtres intermédiaires ?

- Tu as tort, je suis trop petit pour t'égorger et te dévorer et quand bien même, la mort est plus vertigineuse que la vie, plus glissante et silencieuse.

Je suis un des deux battants de la porte, un principe du Premier Monde.

- De quelle porte parles-tu ?

- De celle que tu tires pour bloquer tous les accès à ton monde intérieur.

- Ce monde intérieur serait-il le Premier Monde ?

- Il est tout ce dont tu n'es pas certain. Quand les loups suivent une piste, ils apprécient une touche d'incertitude, la rencontre d'un dieu masqué dont nul ne connaît le visage.

- Y-a-t-il un visage sous ton masque ?

- Tu aimerais bien le savoir mais tu n'as pas assez d'audace pour le vérifier.

- J'ai peur de provoquer une fragmentation du réel, de ne plus savoir faire la différence entre un louveteau et un dieu de l'inter monde qui dort quand les Veilleurs sont en éveil.

- J'ai compris, tu préférerais que je sois un serpenteau à qui tu adresserais des oraisons jaculatoires.


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