J'aurais aimé que dieu m'accorde une attention plus soutenue mais, de toute évidence, il avait mieux à faire. Quand je parle de dieu, il s'agit bien sûr des netjerou de Kemet. Les autres dieux me laissent de marbre, je les laisse à leurs adorateurs. J'ai cependant un certain faible pour Shiva, Ganesh, Dionysos qui poussent aux excès, à la débauche, à la démesure conduisant à l'Hybris.
Je ne vous recommande pas de suivre mes conseils. Vous serez plus tranquilles si vous vous contentez de la foi du charbonnier. Nul besoin alors d'aller patauger sur les rives du Gange ou du Nil. Profitez plutôt de la douceur angevine et des forêts où, depuis deux millénaires, ne patrouillent plus les Nymphes et les Satyres.
Je fuis les dieux autoritaires qui distribuent des ordres, des interdits, des châtiments. Un petit tabou par ci par là ne fait de mal à personne mais non une ingérence permanente afin d'être remis dans le droit chemin. J'aime les croyances élastiques, les sentes tortueuses et les itinéraires aléatoires.
Quand j'arrive au terme d'un pèlerinage, je préfère que dieu me dise que j'aurais mieux fait de rester chez moi et qu'ici il n'y a rien à voir.
Le corbeau et la chouette ne sont pas des oiseaux migrateurs, ce qui ne les empêche pas de vaticiner, de s'exprimer dans une langue fascinante à force d'être incompréhensible. Pour rien au monde je ne voudrais que mes dieux parlent la même langue que moi. Un dieu qui parle avec aplomb et dans une langue châtiée me porte sur les nerfs. Quelques blasphèmes bien sentis me semblent plus toniques.
Quel enchantement qu'un dieu prenant la forme d'une grenouille, d'un hérisson, d'un lièvre ! Je me sens plus en phase avec lui qu'avec un démiurge barbu qui menace de nous détruire après nous avoir créés. Les grenouilles autour des mares ne songent à éliminer personne, même pas les échassiers qui se régalent de leurs cuisses. Il ne faut pas confondre les gargouillements des batraciens avec ceux du percolateur et la Vierge Marie avec le dieu Min.
En réalité, aux dieux je préfère les déesses. Comme ce sont des entités féminines, je peux me permettre de les séduire, de les mettre en rogne afin qu'elles m'administrent une bonne fessée. Si je geins comme un enfant, elles me pardonnent avant que j'éprouve du repentir. Je n'apprécie pas les robustes matrones de la mythologie romaine, je préfère les allures de top modèles des déesses du Nouvel Empire.
Méfions-nous de l'anthropomorphisme et de ses raisonnements puérils. Pourquoi faire des déesses des mères, des amantes, des veuves alors qu'elles ne seront jamais ni des femmes ni des hommes tout gonflés de leur importance.
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