Mes yeux souffraient de l'intensité des rayons du Soleil-dieu. J'avais aimé être vivant. J'avais aimé dormir et parcourir en rêve les contrées de la Douat. La Douat existe-telle ailleurs que dans nos songes ?
Je venais souvent séjourner dans la tombe que j'avais fait creuser sous une colline appartenant à Péga. Obscurité, silence et longues plages de méditation dans cet espace n'obéissant pas à la logique commune. Les morts mettent du temps à ne plus penser comme les vivants. Leurs anciennes blessures les font longtemps souffrir puis, un matin, le corps devient léger et échappe à l'attraction terrestre.
L'odeur d'un calcaire très sec règne à l'intérieur de la chambre funéraire. Le contraire d'une odeur de putréfaction. J'ai compris qu'ici mes désirs d'éternité tournaient et s'engageaient dans d'autres directions de l'espace. J'ai fini par réaliser qu'une créature intangible s'était installée dans ma demeure d'éternité. Ce n'était pas un Gardien mais une présence rassurante maintenant à distance l'obscurité et les Génies facétieux du monde souterrain.
La tombe est-elle la première ou la dernière porte de la Douat ou un sas permettant de survivre après notre naissance ? Je restais assis par terre au pied du sarcophage. Le moindre mouvement aurait rompu le charme. Le fragile édifice se serait écroulé sans faire de bruit. Une nouvelle couche de poussière se serait déposée sur les coffres, les vêtements, les vases et les statues noir et or de mon Khaïbit.
Tout ceci était peut être plus proche, plus présent que je ne l'imaginais.
Dans le sarcophage s'accomplissaient d'incroyables transmutations. Un sarcophage plein de scarabées qui renaissaient au moment où les étoiles s'éteignent.
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