Nous sommes dans un téménos planté de sycomores, de tamaris et de palmiers.
Nous ne savons plus si le monde existe autour de nous.
Les temples seraient-ils devenus invisibles ?
Les obélisques ne projettent plus leur ombre sur le sol.
Quelle heure est-il ?
Les scribes de la per ankh ont oublié de caresser Mafdet. Son terrain de chasse est désormais le désert oriental.
Je considérais Pahernefer comme comme un maître qui aimait jusqu'à l'herbe des champs. Quand il mourut ne subsista qu'un immense chagrin alors qu'il était le plus joyeux des hommes.
Des mois après sa disparition, certains prétendirent l'avoir croisé sur le chemin qui s'éloignait de la nécropole.
Le bruit courut que, couvert de lierre, il voyagea pendant des siècles en direction des étoiles infatigables.
Il ne reconnut jamais qu'il était un chat, il prétendait être un prince nubien qui patrouillait dans les mines d'or du Wadi-el-Alaki.
Beaucoup de chats atteignent l'illumination, surtout les noirs au pelage brillant.
Pour combattre le mal, il faut cacher l'existence du bien et lisser la fourrure des félins qui acceptent de vivre dans nos maisons et sont de remarquables thérapeutes.
Our Maou savait qu'à présent il était le seul héliopolitain à ne pas croire en l'existence de TEM. Comment un dieu dynastique pouvait-il accepter que tout aille aussi mal dans un double royaume gouverné pat un monarque à la couronne vacillante et qui savait à peine déchiffrer un hiéroglyphe.
Précaire est l'équilibre instauré par Maât, inattendu le chaos maintenu par sa sœur dont je ne prononcerai pas le nom.
J'avais 7 ans lorsque mon père mourut. Comme il était un magicien émérite, il nous laissa croire qu'il était toujours avec nous. Quand nous étions à table, seul notre chat regardait dans le vide et suivait des yeux des fragments d'invisible accrochés au plafond.
Les plus perspicaces ne suivaient pas les règles, les préceptes, les tabous qui régissent la vie dans les temples. Ils méprisaient la hiérarchie et les desservants trop dociles. Ils vécurent si longtemps qu'on finit par oublier leur existence.. Rien ne pouvait plus les contrarier, pas même un lièvre répondant au nom de Oun Nefer.
Le vizir avait fait préparer une tombe digne de lui où ne manquait pas un shaouabti, le sarcophage de basalte était poli comme un miroir, l'air était saturé de fragrances délicieuses.
Il fut tout dépité quand, le jour des funérailles, il vit un écriteau cloué à la porte de la tombe : Propriété privée, entrée interdite, rituels prohibés.

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