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Qui a incendié la Bibliothèque d'Alexandrie ?

La plupart des grandes bibliothèques de l'histoire ont fini dans les flammes. Fatalité, hasard ou encore folie des hommes. Rien de plus fragiles que les livres, qu'ils soient en papyrus, en cuir, en écorce ou en papier.

La célèbre Bibliothèque d'Alexandrie n'a pas échappé à ce triste sort mais avant de parler de sa disparition, intéressons-nous à son histoire.


La Bibliothèque est enchâssée dans le périmètre des basileia, le quartier des palais royaux. Elle fait partie du Musée voulu par le premier des Lagides, Ptolémée Premier Sôter en 290. Le mot Musée vient du grec Mouseîon c'est-à-dire placé sous l'influence des Muses.

Son premier directeur connu est Démétrios de Phalère, formé à l'école d'Aristote. Elle tient à la fois de la bibliothèque et de la galerie d'art. On y trouve des salles d'astronomie, de conférences, des laboratoires et même un parc zoologique. Cette institution destinée aux savants, aux philosophes, médecins, mythographes, grammairiens, théologiens, mathématiciens et autres chercheurs est une sorte d'université que l'on nomme la Cage des Muses ou le Labyrinthe de l'érudition.



Tout ce beau monde est entretenu par le roi et loge dans l'enceinte du palais. Une seule obligation : prendre ensemble les repas, ce qui est sans doute destiné à susciter les échanges sur les travaux en cours.

L'écrivain romain Strabon, qui visita la Bibliothèque, écrit : Le Musée fait partie du palais royal. Il comprend les portiques, l'exèdre et une grande salle dans laquelle les savants qui sont membres du Musée prennent leurs repas. Dans cette communauté, même l'argent est mis en commun; ils ont aussi un prêtre qui est le chef du Musée. Il était autrefois désigné par le souverain, il l'est maintenant par Auguste.


Les ouvrages de la Bibliothèque, les volumens ou rouleaux ont été rassemblés au fil du temps. Les plus anciens viennent des Per Ankh des temples pharaoniques et des achats dans tout le monde connu alors. Pour l'augmenter régulièrement, les Ptolémées ont inventé un astucieux système : dès qu'un navire entre au port, un fonctionnaire de la bibliothèque monte à bord et confisque tous les écrits qu'il trouve. Parfois on en fait une copie et l'on rend l'original à son propriétaire. Pour les ouvrages les plus rares, il est probable qu'ils n'étaient pas restitués.

Le roi envoyait dans les grandes cités d'alors des rabatteurs avertis qui proposaient des achats ou des échanges.

Selon un auteur byzantin, le nombre de volumens approchait les 700 000 exemplaires.

Quand la Bibliothèque arriva à saturation, les ouvrages furent entreposés dans le Serapeum, temple de Sarapis, divinité composite dont nous reparlerons bientôt. On la nommait la Bibliothèque fille.

Notre mot bibliothèque vient du grec Biblion, la boîte à livres ou plutôt ici les rayonnages où étaient conservés les rouleaux de papyrus qui constituaient la forme la plus répandue des écrits de l'Antiquité. Biblion est lui-même tiré de büblos qui désigne la tige des papyrus.



Le premier catalogue en 120 volumes fut établi par le poète Callimaque qui revit aussi toute l'organisation et l'inventaire de l'institution. Catalogue hélas aujourd'hui perdu. Une des nouveautés est la classification des auteurs par ordre alphabétique.


La Bibliothèque possédait des écrits sur les mythes, épopées, philosophie, poésie lyrique, tragédies, comédies, rhétorique, droit. Une section importante était consacrée à la médecine et à l'alchimie. Les savants sauvèrent ainsi de l'oubli nombre de mythes comme l'Illiade et l'Odyssée qui, sans cela, auraient disparu et dont ils firent de nombreuses gloses et commentaires qui contribuèrent à la transmission et à la sauvegarde de la culture antique.

Au IIIe siècle, Apollonios de Rhodes, illustre pensionnaire de la Bibliothèque, tenta d'égaler Homère dans son épopée, Les Argonautiques.

De plus, les résidants procédèrent à des nettoyages, des réparations, des échanges et des corrections des textes fautifs.


L'incendie de la Bibliothèque.

Contrairement à ce qu'on prétend souvent, la Bibliothèque ne fut pas incendiée pendant la guerre qui opposa César et les Ptolémées. Ce qui brûla furent les entrepôts de papyrus qui se trouvaient sur le port et qui étaient destinés à l'exportation. Ce sont les Chrétiens qui provoquèrent un incendie qui détruisit une grande partie de la collection contenant la somme des connaissances et des croyances des païens qu'il fallait éradiquer afin de laisser toute la place au Dieu unique. Ce qui restait fut détruit par le calife Amr quand il fit la conquête de l'Egypte au VIIe siècle.

Les Chrétiens incendièrent aussi le Sérapeum, la Bibliothèque fille et s'acharnèrent sur les temples pharaoniques et toutes les œuvres d'art qu'ils possédaient.

Un historien du XXe siècle a écrit :Soyons reconnaissants de ne pas savoir ce qu'étaient les grands livres qui ont péri à Alexandrie car si nous le savions nous serions inconsolables.


L'histoire est sans fin. Le 16 octobre 2002, les Egyptiens inaugurèrent une nouvelle Bibliothèque, la Bibliotheca alexandrina, construite sur l'emplacement de celle de l'Antiquité, un lieu destiné à être un centre d'excellence pour la production et la diffusion du savoir ainsi qu'un lieu de dialogues et d'entente entre les peuples et les cultures.



Madame Mubarak a défini le quadruple objectif de l'institution. La nouvelle Bibliotheca se doit d'être :

Un fenêtre du monde sur l'Egypte.

Une fenêtre de l'Egypte sur le monde.

Un outil pour relever les défis de l'ère numérique.

Un foyer de dialogue entre les peuples et les civilisations.


Souhaitons à ce Phénix de vivre longtemps à l'abri des révolutions et des flammes !



1 comentário


guy.udriot
21 de jan. de 2023

Le chant des mots et le champ des cultures constituent l’océan de notre conscience.

L’Art et le Symbole ont la même filiation, celle de la Nature, celle de notre environnement.

- Ils sont à la littérature ce que la poésie et la prose sont à l’écriture.

- Ils sont le mode d’expression de notre perception du Monde, de nos certitudes ou de nos antagonismes intérieurs.

Dans le cadre de nos échanges, particulièrement dans notre univers ésotérique, nous nous devons de cultiver le champ de nos cultures, ce que nous pourrions définir comme nos civilisations au travers de notre historicité, entendez celle de notre Civilisation.

Nous nous devons dans le chant des mots, utiliser tous les mots, je veux dire toutes…

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