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Pistes oubliées

  • scakhepri
  • 10 mai
  • 2 min de lecture

En attendant qu'il se passe quelque chose, j'entrepris d'explorer les régions montagneuses s'étendant à l'orient et l'occident de Waset. Zone incongrue, mystique, délibérément fascinante, métaphysique du minéral, silence à peine troublé par le cri des faucons pèlerins se répercutant en écho sur les falaises. Des objets non identifiés traversent parfois le ciel. Ici, aucun contact avec la violence du monde, les injustices, les décisions arbitraires, les avantages et les inconvénients de la théocratie. Une manière d'ataraxie propre à ceux qui pratiquent la langue des signes, des arcanes, une pensée orientée par des interprétations inédites et les brusques écarts entre l'ombre et la lumière propres aux étendues désertiques.



Dans les années précédant cette expérience d'isolement, j'ai fréquenté plusieurs Per Ankh et glané nombre d'informations sur les astres, les divinités et, heureusement pour moi, les daimons réfugiés dans le désert. Une fois rassurés et apprivoisés ils deviennent très diserts et délivrent de précieuses connaissances sur tout ce qui n'est pas humain, visible ou en attente. Ils m'ont appris à me cacher dans la nature, à me fondre dans les ocres, les bleus, les gris de la montagne, à marcher sans faire le moindre bruit, à rester parfaitement immobile quand me pistait un prédateur.

J'ai fini par entrer en contact avec certains membres du Cercle intérieur installés en Haute Egypte. Ils vivent de manière très aristocratique et exercent leur influence sur la famille royale à l'exception du roi qui, une fois intronisé, échappe à tout contrôle. Dans toutes mes démarches, je me suis efforcé de partir de la périphérie pour aller vers le centre en empruntant des chemins de traverse pour retrouver des pistes oubliées, comme celles qui mènent aux divinités primitives vivant dans le désert bien avant d'être contaminées par les religions et leurs sbires.


Si on veut entrer dans l'intimité des non- humains, il faut voyager à pied en portant soi -même ses bagages, sans déranger les antilopes et les serpents. Ainsi remonte-t-on le temps et l'espace ce qui favorise les dépaysements et encourage à aller plus loin.


Je n'ai pas encore découvert la cause de ma dernière mort. Je n'ai jamais pratiqué la magie noire, évitant de la sorte les chocs en retour. Je n'ai pas coupé les liens entre les vivants et les morts. Je n'ai pas oublié le nom de mes Ancêtres. J'ai laissé circuler les rêves permettant le passage entre les mondes. J'ai encouragé mon KA à célébrer les rites funéraires pour mon BA. Les pistes oubliées convergent vers le SAHU, celui de Kemet et celui qui donne au Corps la force et la pureté nécessaire pour poursuivre la quête.

Les récits de périples dans l'au-delà sont fait pour satisfaire notre curiosité mais aussi pour établir des itinéraires qui ne mènent pas à un trou noir.

Seuls les Initiés connaissent les parades aux dangers de la vie quotidienne menant à des abîmes infranchissables, à de mornes déserts, à des renoncements, à des reliefs changeant de formes au gré de la migration des lumières rasantes.


Le plus transparent des daimons prit congé de moi en déclarant : Si tu veux être des nôtres, scrute les images des corpus funéraires de Kemet qui usent des tensions de la représentation pour réactiver les mémoires abandonnées un moment sur les rives du fleuve. Les rites restent soumis à des adaptations créatives.



 
 
 

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