Voici quelques axes de réflexion non exhaustive sur l'intérêt et la pertinence de la démarche initiatique.
L'initiation est l'art de la distanciation entre le sacré et le profane. Dans ce contexte, le profane est l'ennemi de l'évolution spirituelle. Un profane qui est notre quotidien mais dans lequel il est préférable de ne pas s'engluer.
L'Alchimie parle de séparer le subtil de l'épais, le noble du vulgaire.
Le profane nous maintient dans l'événementiel, le provisoire, le dérisoire, autant de perspectives conduisant au désastre de l'Esprit - le AKH -, à l'enfermement dans des structures obsolètes et létales, à un esclavage qui dissimule habilement les pièges et les chaînes, à la dispersion de l'être dans des rythmes incohérents, des pratiques convulsives, à l'adhésion au plus petit dénominateur commun.
Le profane dit : Tu dois être comme tout le monde.
Le sacré déclare : Efforce-toi toujours d'être autrement.
L'initiation devient alors une technique du subversif, un moyen de refuser les dogmes, les religions, les gourous, la pensée commune, les organisations étatiques réduisant la liberté de pensée.
Initiation : autosuffisance et autonomie spirituelle.
L'initiation est un moyen d'accepter et de gérer la fragilité de la vie, de lutter contre les mauvais coups du sort, dit l'Hermétisme.
Il y a les obstacles et les moyens de les surmonter.
La démarche mystagogique permet encore de prendre conscience des antagonismes inhérents à l'existence.
Elle est utile pour mettre en œuvre une harmonisation entre le bien et le mal, le positif et le négatif.
C'est l'art d'équilibrer en soi Hor et Seth, Saturne et Dionysos, le féminin et le masculin, la souplesse et la rigidité, l'action et la non-action, le Wu Wei du Taoïsme, la vacuité conduisant à l'état de plénitude Hotep.
Je ne suis pas un prédateur mais un partenaire conscient de l'évolution et de l'involution
du principe vital.
En ce sens, la démarche initiatique est un moyen de s'inscrire dans la permanence des cycles.
On parle bien de démarche, de rites de passage car la quête est un déplacement permanent, un voyage, un pèlerinage vers les lieux sacrés où l'on entre en contact avec ce qu'on peut nommer la divinité, le divin, l'invisible, l'indicible, la quintessence, la face ésotérique du monde, l'Ordre naturel de la Maât.
En Egypte, un Maâty est un initié, un Myste est un candidat aux Mystères.
La quête initiatique est encore un moyen de lutter contre les tensions qui génèrent le stress, la maladie puis une mort prématurée dans des conditions catastrophiques.
L'initiation repose bien sûr sur une quête subtile qui fait qu'on est pleinement dans le monde tout en restant en dehors de lui.
Le plus beau symbole de la démarche initiatique est le Scarabée des Egyptiens, tout petit, tout noir dont le nom Khépri est formé sur le verbe kheper que l'on peut traduire par aptitude à affronter tous les changements, les transformations, les métamorphoses, les mutations parfois cruelles et surprenantes mais sans lesquels la vie serait d'un ennui mortel. L'insecte au noir dit : Quand tu remonteras des Enfers le monde ne sera plus le même, toutes les perspectives se seront déplacées, les visions auront changé d'intensité, la vie et la mort seront une même réalité.
Vers la vie par la mort. Tu resteras une petite créature misérable laissant les dieux indifférents tant que tu n'accepteras pas d'être bouleversé en devenant un autre.
Il existe différentes formes d'initiations sur lesquelles nous reviendrons ultérieurement.
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